RDC

Début des "consultations formelles" pour la formation du gouvernement congolais

Le Premier ministre de la République démocratique du Congo, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, reçu par le président Félix Tshisekedi à Kinshasa, le mai 2019. (Twitter/Présidence de la RDC)

Le Premier ministre congolais Sylvestre Ilunga Ilunkamba compte intégrer des personnalités qui ne font pas "l'objet de condamnations judiciaires fermes en RDC ou ailleurs".

Plus de sept mois après les élections du 30 décembre, le Premier ministre de la République démocratique du Congo, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a entamé mercredi des "consultations formelles" en vue de la formation d'un gouvernement.

Les partisans du président Félix Tshisekedi et ceux de son prédécesseur Joseph Kabila sont invités à proposer au Premier ministre trois noms pour chacun des 65 postes prévus dans le prochain gouvernement qu'il soumettra à l'arbitrage du chef de l'État.

Pour le premier jour des consultations, les délégués de Cap pour le changement (Cach), la coalition des partisans du président Tshisekedi, et ceux du Front commun pour le Congo (FCC) de M. Kabila ont été reçus par le Premier ministre, selon son service de presse.

Dans un document remis à ses hôtes, le Premier ministre a déterminé les critères qui doivent conduire à la désignation des "ministrables" par des regroupements de la coalition majoritaire au Parlement, a-t-on appris de même source.

Le Premier ministre compte intégrer des personnalités qui ne font pas "l'objet de condamnations judiciaires fermes en RDC ou ailleurs" et "doser anciennes et nouvelles figures et génération montante" dans les listes, selon ce document.

Parmi les critères mentionnés dans ce texte figurent "compétence, intégrité, capacité de travailler en équipe" et "capacité de travailler sous l'autorité du Premier ministre".

Le 10 août, toutes les listes reprenant les noms de trois candidats pour chacun des 65 postes prévus seront "centralisées par le Premier ministre" avant d'être présentées au chef de l'État pour nomination.

Il appartient à ce dernier de signer l'ordonnance de nomination, après consultation du Premier ministre, avec la possibilité de récuser des personnalités proposées par des regroupements de la coalition majoritaire à l'Assemblée nationale.

Fin juillet, le FCC et Cach avaient signé un accord de gouvernement, après d'âpres et interminables tractations, attribuant aux pro-Kabila 42 postes ministériels contre 23 aux pro-Tshisekedi.

A l'issue des élections du 30 décembre qui avaient donné Félix Tshisekedi vainqueur à la présidentielle, le FCC avait gagné la majorité des sièges à l'Assemblée nationale, aux assemblées provinciales et au Sénat.

- "Vérifier le comportement" des ministrables -

Une session extraordinaire de l'Assemblée nationale est "en voie d'être convoquée pour le 15 août en vue de l'investiture du gouvernement", a affirmé à l'AFP un membre du bureau de la chambre basse du Parlement qui n'a pas voulu être cité.

A cette étape cruciale de la procédure de la composition du gouvernement, plusieurs organisations de la société civile ont demandé au président Tshisekedi de refuser d'intégrer dans cette équipe certaines figures de l'ancien régime impliquées dans la mauvaise gouvernance du passé.

"Des personnalités, dont la moralité a été atteinte par des violations des droits de l'homme, détournements des deniers publics, sanctions internationales, doivent être disqualifiées en amont par le Premier ministre", a estimé Jean-Claude Katende, président de l'Association africaine des droits de l'homme (Asadho), une ONG congolaise.

Dans le cas contraire, "l'arbitrage du président de la République est nécessaire car c'est lui qui tranche en dernier ressort sur qui fera partie de l'équipe gouvernementale. Il est invité à faire vérifier le comportement de chaque ministrable", dit Georges Kapiamba, de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj).

Les militants insistent notamment sur les personnalités qu'ils accusent d'avoir trempé dans la corruption.

La Ligue congolaise contre la corruption (Licoco) a évalué à au moins huit milliards de dollars le montant détourné dans 13 projets "pris au hasard" entre 2006 et 2018 en RDC.

"Licoco invite les nouvelles autorités à s'interdire d'intégrer dans le prochain gouvernement toutes les personnalités impliquées dans les détournements de fonds publics", a déclaré à l'AFP son président Ernest Mpararo.

"Le peuple attend que ces personnes rendent d'abord compte de la manière dont elles ont utilisé l'argent public", a-t-il insisté.