RDC/ Grands Lacs : Russ Feingold quitte son poste d’émissaire spécial des Etats-Unis

Russ Feingold

Dans son discours d’adieu, le mois dernier, à l’Institut Américain pour la paix, il a parlé des défis qui se posent encore dans cette région d’Afrique.

Le conflit en RDC a coûté la vie à au moins 5 millions de personnes depuis le milieu des années 1990; et fait plus de 2 millions et demi de déplacés. Une bonne partie des affrontements, de la violence et des agressions sexuelles ont eu lieu dans l’Est du pays; et ont impliqué plusieurs groupes armés.

L’ancien sénateur Feingold a été émissaire spécial pendant 18 mois.

“A mon avis, la région des Grands Lacs implique notre propre sécurité nationale, ainsi que les défis écologiques et économiques propres au 21ème siècle. Assurément, ces véritables liens entre cette région et nos priorités nationales justifient, sinon exigent, de notre part plus d’attention sur qui se passe dans la région », a déclaré Feingold.

L’émissaire américain soutient que le Etats-Unis doivent éviter de considérer la situation en RDC comme une simple situation morale et humanitaire.

Nos intérêts nationaux, y compris nos engagements envers la démocratie, précise-t-il, la liberté politique et la sécurité nationale et notre position de leadership international doivent faire aussi partie de notre approche envers les Grands Lacs en Afrique.

Your browser doesn’t support HTML5

Un magazine lu par Eddy Isango


Feingold a visité la région des Grands Lacs 15 fois en tant qu'émissaire spécial des États-Unis. Il considère l'Accord-cadre de paix, de sécurité et de coopération de 2013 comme "une étape importante pour l’apport des Etats-Unis et l'engagement international dans la région." L'ancien sénateur affirme que l'accord comprend des engagements régionaux à "ne pas soutenir des groupes armés et à respecter l'intégrité territoriale."

« Maintenant, ce n’est pas une surprise pour moi que deux ans plus tard, beaucoup, beaucoup des causes profondes identifiées dans l’accord-cadre et des processus connexes restent en suspens, a-t-il indiqué avant de poursuivre : « Mais au milieu des nombreux signes et incidents inquiétants, il y a eu une certaine amélioration sur certains problèmes de longue date, très complexes qui ont frappé les pays des Grands Lacs. Et il y a de bonnes raisons d'être optimiste » quant à l’avenir de la région.

Pour M. Feingold, des progrès ont été réalisés contre ce qu'il appelle l'ensemble des groupes armés. Et il reconnait qu'il n'y a un plus grand intérêt pour la coopération économique régionale, mais que de nombreux problèmes liés au conflit demeurent.

Il est d’avis que tous les efforts de paix doivent répondre à des critères spécifiques pour la réussite.

« La paix en RDC exige la justice et la fin de l'impunité pour les crimes de guerre, crimes contre l'humanité - y compris la violence sexuelle et basée sur le genre - et le recrutement et l'utilisation d'enfants soldats», a-t-il précisé.

M. Feingold soutient que ces conditions ont été abordées dans les déclarations de Nairobi - des négociations cruciales qui ont conduit à la défaite des rebelles M23.
L’émissaire américain indique cenpendant que l'accord n'aborde pas les causes profondes du conflit vieux de plusieurs décennies dans l'est de la RDC. Il admet bien que des progrès ont été réalisés pour ce faire, mais qu’ils ont été lents. Il ajoute qu'une attention internationale complète et durable est encore nécessaire.

L'élimination des rebelles des FDLR, de l’ADF et d’autres groupes armés, dit-il, est une question doit bénéficier d’une attention particulière.

Feingold a également exhorté le gouvernement de la RDC à fixer une date en 2016 pour l’élection présidentielle.