Inquiétudes pour trois étudiants détenus sans motif pendant plus de huit mois en RDC

Des prisonniers dans la cour du Centre pénitentiaire de Kinshasa aperçu à la barre du tribunal, 18 décembre 2012.

Les avocats ainsi que les défenseurs des droits de l’homme exigent un procès équitables pour les trois étudiants détenus qui doivent comparaître devant leurs juges le 15 janvier.

Les trois étudiants sont pendant huit mois et demi sans chef d'inculpation à Kinshasa, se plaignent leur avocat et une organisation de défense des droits de l'Homme, inquiets pour leur sort.

"Je vais plaider non coupable (mais) je ne m'attends pas à une justice équitable (...) ils vont subir le même sort que les autres détenus d'opinion", a déclaré à l'AFP Me Amisi Kidinga.

Selon lui, ses trois clients, sympathisants de l'Union pour la Nation congolaise (UNC), ont été arrêtés le 28 mars à l'Université de Kinshasa pour avoir appelé à soutenir le chef de ce parti d'opposition.

Ils ont été "détenus au secret à l'ANR" (Agence nationale des renseignements), et n'ont été transférés à la prison centrale de Kinshasa que le 15 décembre après leur inculpation par le parquet, a-t-il ajouté, précisant que Joël Bokuru, Giresse Bangomisa et Léon Nguwa étaient désormais poursuivis pour "offense à la personne du chef de l'État".

Pendant leur détention à l'ANR, le Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme en RDC (BCNUDH) "a sollicité (à plusieurs reprises) leur transfert devant la justice ordinaire", selon le directeur de cette structure onusienne, José-Maria Aranaz.

Dénonçant "l'acharnement" des autorités contre les trois étudiants, et les "conditions inhumaines" de leur détention, l'ONG de défense des droits de l'Homme La Voix des sans-voix (VSV) "exige" dans un communiqué "un procès juste et équitable en (leur) faveur".

Pour M. Aranaz, "les arrestations arbitraires abusives et les détentions au secret sans supervision (du pouvoir judiciaire) par l'ANR contre des membres de la société civile sont une préoccupation constante exprimée auprès des autorités, qui met en question la crédibilité du processus électoral".

Le climat politique est tendu depuis des mois en RDC, où le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et frappé par une interdiction constitutionnelle de se représenter, arrive en fin de mandat en décembre.

Ses opposants le soupçonnent de vouloir se maintenir au pouvoir et apparaissent divisés entre ceux qui sont prêts à accepter le "dialogue national" en vue d'"élections apaisées" (mais retardées) que leur propose M. Kabila et ceux (comme l'UNC) qui pressent le pouvoir d'organiser les élections dans les temps prévus par la Constitution.

En l'absence de calendrier électoral et de fichier électoral à jour, la tenue de la présidentielle avant la fin de l'année apparaît chaque jour un peu plus incertaine.

Avec AFP