RDC

Kamerhe élu président de l'Assemblée nationale de RDC, 3 jours après le présumé putsch

Elu député de la majorité, Vital Kamerhe avait été choisi le 23 avril comme candidat de "l'Union sacrée", plateforme politique pro-Tshisekedi, à la présidence de l'Assemblée.

Trois jours après l'attaque de son domicile lors d'une présumée tentative de coup d'Etat, Vital Kamerhe, ministre de l'Economie dans le gouvernement sortant de la République démocratique du Congo, a été élu mercredi président de l'Assemblée nationale, a constaté une équipe de l'AFP.

Un processus de sélection en avait fait l'unique candidat et son élection au perchoir, lors d'une séance publique de l'Assemblée, était une formalité. Les seules voix qui lui ont échappé étaient 36 bulletins nuls ou blancs, sur un total de 407 votants. Vital Kamerhe, 65 ans, figure de la politique congolaise, retrouve un poste qu'il avait occupé de 2006 à 2009, sous la présidence de Joseph Kabila.

Your browser doesn’t support HTML5

Entretien avec le Vice-Premier ministre congolais sur la "tentative de coup d'Etat"

Passé ensuite dans l'opposition, il avait fondé son parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC), avant de devenir un allié de Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et largement réélu le 20 décembre. En 2020, alors directeur de cabinet du chef de l'Etat, il était accusé de détournement de fonds et condamné à 20 ans de prison. Il sera libéré un an plus tard et acquitté en appel en 2022. En mars 2023, il revenait sur le devant de la scène comme ministre de l'Economie, avec rang de vice-Premier ministre.

Elu député de la majorité aux élections de décembre, il avait été choisi le 23 avril comme candidat de "l'Union sacrée", plateforme politique pro-Tshisekedi, à la présidence de l'Assemblée. Mais, faute de consensus initial, il avait fallu pour cela une primaire, qu'il a remportée face à deux autres prétendants. La composition du reste du "bureau définitif" de l'Assemblée a ensuite fait l'objet elle aussi d'âpres discussions, reportant son élection à mercredi, alors qu'elle avait été programmée pour samedi dernier.

Insécurité

Entre-temps, il y a eu à Kinshasa ce que l'armée a qualifié de "tentative de coup d'Etat". Au petit matin du 19 mai, des hommes armés ont attaqué le domicile de Vital Kamerhe, dans le quartier huppé de la Gombe, avant d'investir non loin de là le "palais de la Nation", qui abrite des bureaux de Félix Tshisekedi.

Lire aussi : "Tentative de coup d'état" en RDC : pas de preuve de la nationalité américaine de Malanga, selon Washington

Les partisans de Vital Kamerhe sont convaincus qu'il s'agissait d'une "tentative d'assassinat" de leur champion, sorti indemne de l'attaque, durant laquelle deux policiers chargés de sa protection ont été tués. Dans son discours inaugural, le nouveau président de l'Assemblée nationale a évoqué cet épisode, en déplorant "l'incursion d'un commando non autrement identifié, lourdement armé, qui a tenté en vain de déstabiliser les institutions de la République".

L'élection du bureau de l'Assemblée devrait dégager la voie pour la mise en place du gouvernement. Plus de cinq mois après la réélection de Félix Tshisekedi, la nouvelle équipe tarde à se mettre en place, alors que l'Est du pays est confronté à une grave crise sécuritaire, la rébellion M23, soutenue par le Rwanda, occupant de larges pans de la province du Nord-Kivu.

Vital Kamerhe a promis de placer l'insécurité "au cœur de (ses) préoccupations", tout en s'engageant à "travailler à l'amélioration des conditions de vie" des Congolais, dont les trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté bien que le pays dispose de ressources immenses.

Par ailleurs, lors d'un entretien téléphonique avec Félix Tshisekedi mercredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a "condamné l'attaque (du 19 mai) contre des dirigeants politiques et des institutions" et affirmé "le soutien des Etats-Unis à l'enquête menée par le gouvernement", a indiqué le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué. Les deux hommes ont par ailleurs "discuté de la crise dans l'est de la RDC et de la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour rétablir la paix et la stabilité", a-t-il ajouté.

Lire aussi : La "tentative de coup d'Etat" pourrait-elle attiser les tensions en RDC?