Arrivée de l'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba à Kinshasa

l'ex-chef de guerre et ex-vice président Jean-Pierre Bemba est rentré mercredi en République démocratique du Congo, le 1er août 2018.

Tout juste acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), l'ex-chef de guerre et ex-vice président Jean-Pierre Bemba est rentré mercredi en République démocratique du Congo où il compte s'inscire dès jeudi parmi les candidats à la succession du président Joseph Kabila.

Après onze ans d'absence dont dix en prison, M. Bemba, 55 ans, a atterri en jet privé en provenance de Belgique vers 8h30 GMT à l'aéroport de N'Djili où il a été accueilli par ses partisans du Mouvement de Libération du Congo (MLC).

Au moins un membre du gouvernement de Joseph Kabila, le ministre des Relations avec le Parlement Jean-Pierre Lisanga, se trouvait sur les lieux. M. Lisanga a rappelé que M. Bemba était toujours sénateur, d'où sa présence.

M. Bemba revient en RDC une semaine avant la date-butoir du dépôt des candidatures à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre pour organiser le départ du président Kabila.

Le chef de l'Etat ne peut plus se représenter mais n'a toujours pas désigné de "dauphin" au sein de sa majorité présidentielle.

Pour cette élection à un tour, M. Bemba fait jeu égal avec les deux autres ténors de l'opposition, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, selon les intentions de vote d'un sondage présenté mardi par les universitaires du Groupe des experts du Congo. Il plaide pour une "candidature unique" de l'opposition.

Très populaire avant son départ dans l'ouest du pays dont la capitale Kinshasa, le sénateur Bemba veut tester sa popularité dans les rues de Kinshasa entre l'aéroport et le centre-ville (25 km). Ses partisans ont dénoncé un dispositif policier qui va l'empêcher selon eux d'aller à la rencontre des Kinois.

Les pro-Bemba du MLC, désormais de sages parlementaires et non plus des miliciens, rêvaient à voix haute d'"un million de personnes".

Dans les faits, ce sont surtout des centaines de policiers avec des camions anti-émeute qui étaient déjà déployés mercredi matin entre le centre-ville et l'aéroport (25 km), ont constaté deux journalistes de l'AFP.

Aux premières heures de ce 1er août, jour férié en RDC, l'affluence dans les rues était ordinaire, à part au siège du MLC où environ 250 personnes étaient déjà réunies.

"S'ils osent nous empêcher de lui réserver un accueil digne, nous réagirons vigoureusement", prévient un militant du MLC en costume, Hilaire Engomba, juriste, la quarantaine.

"J’espère juste qu’il n’y aura pas de débordements et que tout se passera le mieux possible. J’espère qu’il n’y aura pas de provocations non plus", a lui-même déclaré M. Bemba au journal belge Le Soir juste avant son départ de Bruxelles.

"Incidents"

Mardi soir, la garde rapprochée de M. Bemba, emmenée par la charismatique députée Eve Bazaiba, n'a pas trouvé d'accord avec le ministre de l'Intérieur Henri Mova -un dur parmi les durs dans l'entourage de Kabila- sur les modalités de ce retour.

Par ailleurs, les autorités ne souhaitent pas que M. Bemba emménage dans sa résidence familiale située tout près de la résidence officielle du chef de l'Etat.

En matière de test de popularité, les partisans de M. Bemba risquent de faire moins bien que le retour il y a quasiment deux ans jour pour jour de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, qui avait drainé des centaines de milliers de personnes.

>> Lire aussi : Retour de Bemba prévu mercredi en RDC, ses proches négocient avec le gouvernement

Depuis ce 27 juillet 2016, les autorités congolaises empêchent tout rassemblement de masse de l'opposition, sur fond de report des élections depuis la fin du deuxième et dernier mandat de M. Kabila le 20 décembre 2016.

M. Bemba retrouve une ville qu'il avait quittée le 11 avril 2007 après des combats meurtriers entre sa milice et l'armée de Kabila (environ 250 morts).

Depuis, l'ex-vice-président et rival malheureux du président Kabila aux élections de 2006 a passé dix ans dans les prisons de la CPI, condamné en juin 2016 à une peine de 18 ans pour des exactions de sa milice en Centrafrique en 2002-2003.

>> Lire aussi : Katumbi a fait une demande pour rentrer le 3 août et Bemba annoncé mercredi

Son acquittement-surprise en juin avait provoqué la joie de ses fidèles dans l'ouest de la RDC et une certaine mansuétude des "Katangais" du pouvoir, qui avaient facilité son retour au pays avec la délivrance d'un passeport diplomatique.

Après son dépôt de candidature, M. Bemba compte se rendre samedi dans son fief familial de Gemena (nord-ouest) sur la tombe de son père, un homme d'affaires qui a fait fortune à l'époque du maréchal Mobutu. C'est d'ailleurs là-bas, dans la province de l'ex-Equateur, qu'il aurait voulu commencer son test de popularité pour son retour au pays - mais il en a été empêché par les autorités.

Avec AFP