Le gouverneur Atou Matubuana du Kongo central, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, a été accusé de détournement de plus de huit millions de dollars en 2020, considérés comme "des avantages légaux", a-t-on appris mercredi l'AFP de l'Inspection générale des finances (IGF).
L'IGF a conclu dans une note au procureur général près la Cour de cassation que la gestion du gouverneur Matubuana au cours de l'année 2020 était caractérisée par l'absence des pièces justificatives des dépenses, ayant occasionné d'importants détournements.
Un montant de 11.356.296.500 francs congolais (5.678.148 dollars) destinés aux "services civils et militaires de sécurité et de justice, ont été détournés par le gouverneur Atou Matubuana Nkuluki", écrit Jules Alingete, chef de l'IGF dans sa note.
"En plus, à charge du gouverneur, il est reproché le détournement d'un total de 6.116.626.205 francs congolais (3.058.313 dollars)" détaillés comme: Fonds spécial d'intervention : 3.352.345.951 FC (1.676.172 dollars); Interventions économiques, sociales, scientifiques et culturelles : 581.065.000 FC (290.032 dollars); frais de ménage: 657.000.000 FC (328.000 dollars) et frais de fonctionnement: 1.403.665.255 FC (701.832 dollars).
Il est reproché à un comptable public, collaborateur du gouverneur Matubuana, de n'avoir pas pu "justifier par des pièces constituant un soubassement probant les fonds sortis des comptes bancaires dont le montant est de 2.265.094.146 francs congolais (1.132.547 dollars)", affirme le rapport.
"Comment peut-on être auteur de détournement des avantages légaux donc de ses propres avantages ?", s'est interrogé auprès de l'AFP Jules Nsumbu, conseiller en communication et porte-parole de M. Matubuana, estimant que "depuis la nuit des temps, il est reconnu aux gouverneurs certains avantages comme ceux pour lesquels on accuse le gouverneur Atou Matubuana".
En RDC, les gouverneurs des provinces sont jugés par la Cour de cassation. Des mouvements citoyens et des organisations de défense des droits de l'homme appellent le procureur général près cette cour à ouvrir une enquête.
"Nous craignons que ces révélations connaissent le même sort que les conclusions de l'enquête sur l'utilisation des fonds détournés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, demeurées sans suite", a réagi auprès de l'AFP Georges Kapiamba de l'Association congolaise d'accès à la justice.
Le président Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption une des priorités de son mandat.