Dans ce rapport transmis le 29 mars au président Kabila et dont l'AFP a obtenu copie mercredi, la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) plaide pour "le retrait" de la décision d'arrestation immédiate de M. Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, et "son retour en homme libre afin qu'il exerce ses droits civils et politiques" en RDC.
Ce rapport a été établi à l'issue d'une enquête menée par la Cenco, alors qu'elle conduisait la médiation entre pouvoir et opposition ayant abouti à la signature le 31 décembre d'un accord de sortie de la crise politique née du maintien de M. Kabila à la tête de la RDC au-delà du terme de son mandat qui a échu le 20 décembre.
Les signataires de cet accord, exceptés les délégués de la majorité, ont chargé les évêques "de recueillir" des informations pouvant permettre d'obtenir la "liberté" pour les opposants Katumbi et Jean-Claude Muyambo en vue de la décrispation de l'espace politique en RDC.
Ex-allié de poids de M. Kabila passé à l'opposition en septembre, actuellement en exil, M. Katumbi a été condamné à trois ans de prison pour spoliation d'immeuble appartenant à un citoyen grec et attend de comparaître devant la justice pour une affaire de recrutement de mercenaires. M. Muyambo a été condamné à cinq ans de prison dans une affaire d'escroquerie portant sur le même immeuble.
"Les deux procès ne sont que des mascarades", lit-on dans le rapport qui note que la citation à comparaitre adressée à M. Katumbi avait été déposée auprès du bourgmestre de son lieu d'habitation pendant qu'il avait obtenu du parquet "une excuse légale pour sortir du pays" en vue de suivre des soins médicaux à l'étranger.
La Commission mise en place par l'épiscopat estime que les "actes et pièces pour lesquels M. Moïse Katumbi est mis en cause sont fabriqués dans le seul but de l'inviter [au] procès et le condamner", laissant "croire que le procès collé à M. Katumbi Chapwe est plutôt un règlement de compte purement politique".
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Le chef de l'État est resté à la tête du pays en vertu d'une décision controversée de la Cour constitutionnelle, finalement avalisé par l'opposition dans l'accord de la Saint-Sylvestre. Le climat politique est tendu en RDC.
Avec AFP