"Cette montée n'est pas subite, elle a débuté progressivement en janvier", a déclaré André Byadunia, coordinateur de la nouvelle société civile d'Uvira.
"Dans la commune de Kavimvira par exemple, les eaux du lac ont avancé d'un kilomètre par rapport à l'ancienne rive", a expliqué M. Byadunia.
Elles y ont submergé le poste-frontière avec le Burundi voisin et une partie de la route qui mène à ce poste.
Des centaines de maisons ont été elles aussi submergées, provoquant le déplacement des habitants "qui ne savent plus à quel saint se vouer" et vivent "dans des abris de fortune sans assistance", selon le représentant de la société civile.
Ce phénomène reste inexpliqué, et la soudaine éruption il y a une semaine du volcan Nyiragongo, surplombant la ville de Goma, à plus de 100 km au nord, nourrit les inquiètudes, dans une région à forte activité volcanique et sismique.
"La montée des eaux du Lac Tanganyika est à la fois liée aux effets du changement climatique mais aussi du fait des actions anthropiques localement à Uvira", a estimé pour sa part Pascal Masilya Mulunga, professeur au département biologie de l'Université de Bukava (ISP), capitale provinciale du Sud-Kivu.
"On sait qu'avec le réchauffement climatique la température augmente, les eaux se réchauffent", et donc se dilatent et prennent un plus grand volume".
"Pour les faits anthropiques, localement à Uvira, ce sont tous les aménagements sur les flancs des montagnes. On a coupé des arbres, en conséquence l'érosion augmente la sédimentation et les eaux remontent jusqu'à déborder et causer des dégâts", a avancé M. Masilya.
Deuxième plus grand lac d'Afrique, le Tanganyika s'étend du nord au sud sur près de 680 km de long, pour une profondeur maximale de 1.500 mètres. D'une superficie comparable à celle de la Belgique (33.000 km2), ses rives s'étirent sur quatre pays: la RDC, le Burundi, la Zambie et la Tanzanie.
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