Les déplacés du Tanganyika au bord du désastre humanitaire en RDC

Des déplacés à Kalemie qui n'ont que des moustiquaires pour seul abri.

En RDC, plus d’un demi-million de personnes ont fui les violences dans la province du Tanganyika au cours de 15 derniers mois, soit un habitant sur cinq. Dans les zones de Kalemie et Nyunzu, les conditions humanitaires se dégradent rapidement.

Les personnes déplacées par les violences intercommunautaires, notamment entre Pygmées Twa et Bantous Lubas dans la province du Tanganyika, dans l'est de la République démocratique du Congo, sont confrontées à des conditions de vie épouvantables, révèle une évaluation réalisée par le Norwegian Refugee Council (NRC). La majorité des familles sont hébergées dans les zones de Kalemie et Nyunzu et 80% des déplacés n’ont pas accès à l’eau potable. Les conditions humanitaires se dégradent à tel point que l’ONU a placé une partie de la RDC dont le Taganyika en urgence de niveau 3 -l e maximum - au même titre que l’Irak, la Syrie et le Yémen.


“La province du Tanganyika est au bord du gouffre, tous les ingrédients d’une possible catastrophe humanitaire sont réunis", averti sur VOA Afrique Ulrika Blom, la chef de mission du NRC en République démocratique du Congo. “La crise du Tanganyika est une crise oubliée dans une crise oubliée” ajoute-t-elle.

Vue d'ensemble du camp de transit Katanika accueillant 50 000 personnes déplacées dans la ville de Kalemie, dans la province du Tanganyika, en RDC le 7 octobre 2017.


Le NRC a effectué une évaluation de deux semaines au Tanganyika. Plus de 80% des personnes s’entassent dans des sites de déplacées et n'ont pas accès à l'eau potable. Trois personnes sur quatre n'ont pas accès aux latrines.

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Ulrika Blom joint par Claire Morin-Gibourg


“Les familles que j’ai rencontrées dans la ville de Kalemie survivent dans des conditions inhumaines. On m'a parlé d'un homme qui s'est noyé quand de fortes pluies ont inondé son abri sans toit. Beaucoup de parents dorment debout ou restent éveillés pour éviter le même sort. Il est inconcevable que les personnes vivent comme ça ", témoigne Ulrika Blom.

L’enquête a révélé l’extrême précarité dans lequel des milliers de familles vivent, la plupart d’entre eux n’ont pas d’abri. Seul point positif, la plupart ont des moustiquaires de base pour se protéger pendant cette saison des pluies.

"Salle de classe" pour les déplacés à Kalemie en RDC le 9 octobre 2017.

“La situation au Tanganyika est vraiment épouvantable et personne n’en parle,” avertit Ulrika Blom. “La priorité numéro un est de fournir aux communautés des abris, de l'eau potable et des installations sanitaires. Ne pas répondre à ces besoins aujourd’hui aura un effet boule de neige. Nous devons agir aujourd'hui pour ne pas être confrontés à des décès évitables.”



Une crise qui s’ajoute à des besoins déjà immenses : les secteurs de l'eau et de l'assainissement en RDC ne sont financés qu’à hauteur de 5%. Dans le pays, 8,5 millions de personnes ont besoin d'assistance.

A la suite de son évaluation, le NRC a lancé une intervention d'urgence programmée sur deux mois. Le mécanisme d’urgence de niveau 3 lancé par les nations unies devrait permettre une réponse plus forte, une meilleure coordination et un financement d'urgence supplémentaire. Pour Ulrika Blom, cette aide est absolument indispensable dans le Taganyika aujourd’hui.