Situé à environ 7 km de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le camp de déplacés de Kanyarucinya, géré par les autorités congolaises, abrite près de 17.500 personnes ayant fui les combats entre l'armée congolaise et les rebelles du "Mouvement du 23 mars" (M23).
Jeudi, les autorités "ont apporté l'aide le soir vers 17H00 (15H00 GMT), les gens sont devenus nombreux (...), ils ont volé cette nourriture. De là, la police a tiré sur les déplacés, il y a eu trois morts et des blessés", a expliqué à l'AFP Jacques Zemafa, un déplacé.
Lorsqu'on a "amené la nourriture, les gens sont devenus nombreux et il y a eu des disputes entre les déplacés" tandis que des policiers partaient avec une partie de cette aide alimentaire. "Il y a eu trois morts, (des personnes) tuées par les policiers" qui tentaient de disperser la foule, a indiqué de son côté une autre déplacée, Marie-Rose Mwamini.
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Le chef de ce camp, Theo Musekura, a confirmé les faits et le nombre de morts. Il a demandé aux autorités d'"apporter l'aide la journée" et a plaidé pour la délocalisation de ce camp situé non loin de la ville.
Contacté par l'AFP, le colonel Patrick Molengo, administrateur du territoire de Nyiragongo, qui a apporté cette aide alimentaire (huile végétale, riz, haricots...), n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident. Le bilan est de "5 blessés, trois morts dont deux par balles et un piétiné dans la bousculade", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Dans les territoire de Nyiragongo et de Rutshuru, l'armée congolaise se bat contre le M23, une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d'année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants.
Ce mouvement rebelle a étendu son emprise dans le territoire rural de Rutshuru, prenant en juin la cité de Bunagana à la frontière ougandaise puis, tout récemment, plusieurs localités sur la route nationale 2 qui dessert Goma. Kinshasa accuse Kigali de soutenir les M23, ce que dément le Rwanda.
Selon le bureau des affaires humanitaires des Nations unies en RDC (OCHA), "au moins 183.000 personnes ont été déplacées depuis le 20 octobre, portant le total à plus de 232.001 civils déplacés depuis le début des hostilités en mars".