Réfugiés, immigrés, clandestins: Donald Trump maintient le cap

La police des frontières arrête un immigré dans une opération de grande envergure à Los Angeles, le 7 février 2017.

Malgré un coup de frein judiciaire et les protestations de l'opposition, Donald Trump entend poursuivre sa politique d'expulsions de clandestins et le refus des étrangers venant de pays assimilés à des viviers terroristes et des réfugiés.

Après une vague d'arrestations de clandestins au cours de la semaine écoulée, la Maison Blanche a confirmé dimanche sa volonté d'accélérer l'expulsion des sans-papiers.

"La répression contre les clandestins criminels n'est que l'application de ma promesse de campagne", a écrit le président américain sur Twitter. "Des membres de gangs, des trafiquants de drogue et d'autres sont en train d'être expulsés!"

Une grande opération de plusieurs jours baptisée "Cross Check" a permis d'arrêter des centaines de clandestins dans plusieurs grandes villes des Etats-Unis, notamment Los Angeles (160 arrestations) et New York (40 arrestations selon une association).

Le président républicain a signé un décret fin janvier ordonnant au services de reconduite à la frontière de cibler en priorité les sans-papiers délinquants ou soupçonnés de délits, une catégorie beaucoup plus large que sous l'administration de Barack Obama, qui avait donné la priorité aux expulsions de criminels et de récidivistes.

Les autorités insistaient samedi sur le caractère routinier de ces opérations. Mais la Maison Blanche a affirmé dimanche qu'il s'agissait d'une montée en gamme de la répression contre les clandestins.

"Sur ordre du président, des opérations de contrôle d'immigration fortement élargies et plus vigoureuses ont été lancées", a expliqué Stephen Miller, conseiller de Donald Trump, sur la chaîne Fox.

"Il est vrai que les opérations Cross Check sont menées chaque année. Mais cette année, nous avons pris des mesures nouvelles et plus importantes pour expulser les étrangers délinquants", a-t-il précisé.

De nombreux démocrates ont demandé des comptes au gouvernement, craignant que des clandestins sans casier judiciaire ne fassent les frais de ces coups de filet. Le cas d'une mère de famille à Phoenix (Arizona), expulsée jeudi au Mexique, a cristallisé les inquiétudes de la gauche mais aussi de certains à droite.

"Il y a beaucoup d'inquiétude ici dans l'Arizona parmi ceux qui sont venus ici illégalement mais n'ont pas commis de délit grave", a averti le sénateur républicain de l'Arizona Jeff Flake, en soulignant que la solution ne pourrait venir que d'une grande réforme du système d'immigration par le Congrès.

Nouveau décret ?

Sur le décret migratoire suspendu par la justice, la Maison Blanche a envoyé dimanche un message de défi, indiquant que Donald Trump pourrait signer dans les prochains jours une version modifiée du décret initial, qui résisterait cette fois à l'examen des tribunaux.

La cour d'appel fédérale de San Francisco a en effet estimé jeudi que l'exécutif n'avait pas une autorité absolue dans le domaine migratoire et que les droits des étrangers détenteurs de visas devaient être respectés.

Le décret du 27 janvier ferme les frontières pendant trois mois aux ressortissants de sept pays considérés à risques, ainsi qu'à tous les réfugiés pour quatre mois.

Le décret pose également la question d'une éventuelle discrimination religieuse, en violation de la Constitution des Etats-unis, puisque les sept pays bannis sont tous majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen).

"Les juges se sont appropriés un pouvoir qui appartient clairement au président des Etats-Unis", a déploré Stephen Miller sur la chaîne NBC.

"Aucun étranger venant du Yémen ou d'ailleurs n'a un droit constitutionnel à entrer dans notre pays", a-t-il martelé, en soulignant que la sélection des sept pays était basée sur leur situation sécuritaire.

"La Syrie est une zone ravagée. La Libye est en ruines. Le Yémen fait face à la résurgence d'un grand mouvement terroriste"", a-t-il justifié.

Vendredi, Donald Trump avait évoqué la possibilité d'un nouveau décret "peut-être lundi ou mardi", une option qui restait sur la table dimanche. Même si la bataille peut également se poursuivre devant les tribunaux, voire la Cour suprême, a indiqué Stephen Miller.

"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger notre pays du terrorisme", a-t-il dit.

La ligne dure défendue sur les télévisions américaines par le jeune conseiller de 31 ans, architecte de la nouvelle politique anti-immigration de la Maison Blanche, a été applaudie par Donald Trump lui-même qui s'est exclamé sur Twitter: "Beau travail!"