Refus de libération sous caution d'un leader chiite au Nigeria

Les partisans réclament la libération du religieux musulman chiite nigérian Ibrahim Zakzaky, le 14 mai 2018.

Une cour de justice de Kaduna, dans le nord du Nigeria, a refusé mercredi d'accorder la libération sous caution du leader chiite Ibrahim Zakzaky, emprisonné depuis 2015 après des manifestations violentes de son groupe, réprimées dans le sang.

Zakzaky, chef de file de l'IMN (Mouvement Islamique du Nigeria), groupe radical chiite, est emprisonné avec son épouse pour "homicide et rassemblement illégal".

"Mon client est apparu aujourd'hui devant la barre (...) et le tribunal lui a refusé sa libération sous caution", a expliqué à l'AFP son avocat Maxwell Kyon.

La semaine dernière, des partisans de l'IMN ont manifesté en masse à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, et sa répression violente par les forces de sécurité a fait 47 morts (selon l'IMN et les observateurs, 6 selon les chiffres officiels).

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"Le juge a estimé qu'il n'était pas en mesure d'établir son mauvais état de santé, et que même s'il était malade, les services de renseignement - qui le détiennent - peuvent assurer les soins dans sa cellule", a-t-il indiqué, soulignant qu'il allait faire appel de cette décision.

Le juge a toutefois admis que Zakzaky était détenu depuis près de trois ans, sans n'avoir jamais été présenté en justice, mais il estime que le garder en détention permettrait "d'accélerer" le processus judiciaire et de garantir une meilleure sécurité.

En attendant, le chef chiite devra rester en détention jusqu'au 22 janvier 2019, au moins, date de sa prochaine audition.

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Un tribunal avait déjà ordonné sa libération sous caution, mais le jugement n'a jamais été appliqué.

Une centaine d'autres partisans du Mouvement islamique du Nigéria (IMN) sont toujours en prison en relation avec les affrontements de décembre 2015 avec l'armée, où près de 350 chiites avaient été tués.

Zakzaky, qui appelle à une révolution islamique inspirée de l'Iran chiite dans un Etat à grande majorité sunnite, est accusé d'avoir orchestré cette attaque.

Avec AFP