Regain de tension entre Trump et les démocrates du Congrès

L'ancien conseiller juridique de la Maison Blanche, Don McGahn.

Le bras de fer entre Donald Trump et les parlementaires démocrates s'est encore durci lundi, la Maison Blanche ayant ordonné à son ancien conseiller juridique de ne pas répondre à une convocation du Congrès.

Pour la première fois, la justice s'est prononcée dans ce conflit entre le président américain et l'opposition qui, forte de sa nouvelle majorité à la Chambre des représentants, multiplie depuis janvier les enquêtes sur ses finances, ses impôts ou les suites à donner à l'enquête russe.

Donald Trump se dit victime d'un "harcèlement" et use de tous les moyens en son pouvoir pour refuser de coopérer à ces investigations.

Lundi, le ministère de la Justice a ainsi publié un "avis légal" assurant que les conseillers présidentiels n'étaient pas tenus de témoigner devant le Congrès en raison de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif.

L'ancien conseiller juridique de la Maison Blanche, Don McGahn, convoqué le lendemain au Capitole, "a reçu pour ordre d'agir en conséquence", a indiqué la présidence dans un communiqué.

"C'est le dernier exemple en date du dédain de l'administration pour le droit", a rétorqué le démocrate Jerry Nadler, qui préside la commission judiciaire de la Chambre.

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Celle-ci maintient sa convocation et "attend" M. McGahn, a-t-il ajouté.

Les démocrates souhaitent le questionner sur des propos tenus devant le procureur spécial Robert Mueller, qui a supervisé pendant 22 mois la délicate enquête russe.

Dans son rapport final, rendu public à la mi-avril, le procureur Mueller a fait savoir qu'il n'avait pas rassemblé de preuves d'une entente entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump pendant la présidentielle de 2016.

Il a toutefois détaillé une série de pressions troublantes exercées par le président sur son enquête, à commencer par une tentative de le limoger, bloquée par Don McGahn.

"Les démocrates n'aiment pas la conclusion de l'enquête Mueller - pas de collusion, pas de complot, pas d'entrave à la justice- et veulent tout recommencer, bien que ce soit inutile et coûteux", a estimé la Maison Blanche pour justifier l'ordre donné à Don McGahn.

Donald Trump, désireux de tourner la page de l'enquête russe, avait déjà usé de ses prérogatives présidentielles pour bloquer d'autres demandes de la Chambre des représentants.

- "Motivation politique" -

Dans la même logique, la Maison Blanche s'oppose à une autre enquête lancée à la Chambre, qui porte sur les finances de Donald Trump avant son élection.

Les démocrates soupçonnent le magnat de l'immobilier d'avoir gonflé la valeur de ses avoirs pour obtenir des prêts. Pour en savoir plus, la commission de Contrôle a ordonné à l'ancienne entreprise comptable de Donald Trump de lui transmettre une série de documents financiers.

Pour bloquer cette injonction, la Maison Blanche a saisi la justice et plaidé que le Congrès n'avait pas besoin de ces informations pour assurer son rôle de législateur.

Un juge fédéral de Washington a rejeté lundi ces arguments et estimé qu'il "ne revenait pas au tribunal de juger si les actions de la commission répondent à une motivation politique".

Autre rebondissement de cette saga, la commission du Renseignement de la Chambre a rendu public lundi des propos tenus devant elle par l'ancien avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, qui purge actuellement une peine de prison, notamment pour avoir menti au Congrès.

Selon les extraits rendus publics, il a assuré, en début d'année lors d'une comparution à huis clos, avoir menti sur la poursuite d'un projet de Trump Tower à Moscou pendant la campagne présidentielle à la demande du nouvel avocat personnel de Donald Trump.

Les démocrates ont immédiatement promis de faire toute la lumière "sur les tentatives du président, de ses associés ou de son administration de pousser au parjure ou d'entraver nos enquêtes."

Avec AFP