"Le peuple gabonais a fait le choix de la démocratie et de l'Etat de droit (...), à travers un processus démocratique reconnu par tous, y compris par les observateurs étrangers", a affirmé dans son discours d'investiture Ali Bongo, 57 ans, après avoir prêté serment main gauche sur la Constitution, main droite levé vers le drapeau vert-jaune-bleu.
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Le chef de l'Etat a déploré "tous les événements malheureux qui ont suivi l'annonce des résultats du 31 août". L'annonce de sa victoire avait alors provoqué un pic de violence de 48 heures avec des morts et des arrestations par centaines.
S'auto-proclamant "président élu" et dénonçant des fraudes électorales dans un fief de M. Bongo, Jean Ping avait saisi la Cour constitutionnelle, qui a rejeté son recours.
M. Bongo a été élu avec 50,66% et 172.990 voix contre 47,24% et 161.287 voix à M. Ping, selon la décision de la Cour rappelée lors de la cérémonie d'investiture par sa présidente, Marie-Madeleine Mborantsuo.
"Un déni de droit", pour M. Ping, ancien cadre du régime d'Omar Bongo devenu porte-voix des électeurs en mal "d'alternance" dans un pays où la même famille est au pouvoir depuis 1967.
Période préoccupante
"Notre pays traverse une période préoccupante de son histoire", a reconnu Ali Bongo qui a réitéré son appel au dialogue. Un appel qui n'a reçu aucune réponse de la part de Jean Ping.
A la tête d'un pays frappé par la chute des matières premières à commencer par le pétrole, Ali Bongo a répété les grands axes de sa politique: "égalité des chances" et une économie "émergente" à l'horizon 2025.
"C'est dans ce sens que j'engagerai le gouvernement que je nommerai dans les prochains jours", a indiqué le chef de l'Etat, son porte-parole ayant parlé d'un "gouvernement d'ouverture".
Après les convulsions post-électorales, Ali Bongo a de nouveau évoqué des réformes constitutionnelles comme "des élections à deux tours" et "la limitation de la durée des mandats électifs", sous les applaudissements de l'assistance.
"Je voudrais rassurer les partenaires internationaux, et en particulier nos partenaires traditionnels, que nous ne ménagerons aucun effort pour maintenir l'entente et l'amitié entre nos peuples", a lancé M. Bongo, dont la réélection a été accueillie fraîchement par la communauté internationale.
Quatre chefs d'Etat africains (Mali, Niger, Togo, Sao Tomé) assistaient à la prestation de serment devant les corps constitués du Gabon, ainsi que les Premiers ministres du Sénégal, Tchad, Congo, Maroc et de la Centrafrique.
La France était représentée par son ambassadeur à Libreville, tout comme les Etats-Unis.
"Qu'ils viennent ou pas, ça ne change rien puisque la France n'a plus de diplomatie. C'est Bruxelles qui donne le la", a commenté le porte-parole du gouvernement Alain-Claude Bilie-By-Nze.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a regretté samedi que l'examen des recours n'ait pas levé "tous les doutes" sur la réélection du président gabonais.
Les observateurs électoraux de l'Union européenne ont aussi "regretté" dimanche que la Cour constitutionnelle "n'ait pas été en mesure de rectifier de manière satisfaisante les anomalies observées" lors du scrutin présidentiel du 27 août.
"Je ne crois pas qu'on puisse dire voilà, tout est fini, ça continue comme avant, c'est toujours les Bongo qui gagnent", a indiqué à l'AFP une source diplomatique du quai d'Orsay.
"Il y a un très fort rejet du système Bongo, en particulier dans la jeunesse", selon cette même source. "Je ne suis pas sûr que Bongo soit en position de force politique aujourd'hui. On ne voit pas les messages de félicitations pleuvoir".
"Il faut voir ce que va faire l'Union africaine maintenant. Nous, on n'a pas pris acte, on n'a pas pris note, on a dit que la décision de la Cour ne levait pas tous les doutes. Maintenant c'est une décision de l'Etat gabonais, on ne va pas la contester. Le Gabon reste un partenaire", conclut cette source
Avec AFP