Relaxe de plusieurs médias et ONG poursuivis par Socfin pour diffamation

Le tribunal de Paris, le 13 mars 2018.

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé trois médias et deux ONG poursuivis en diffamation par la Socfin, une holding propriétaire de plantations en Afrique et en Asie et dont le groupe français Bolloré est actionnaire.

Les ONG ReAct et Sherpa ainsi que les médias français Le Point, Mediapart et L'Obs, avaient fait état en avril 2015 d'"accaparements" de terres appartenant aux riverains de ces plantations de palmiers à huile et d'hévéas.

Des paysans africains et asiatiques réunis en "Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré" avaient à l'époque lancé des actions de protestation contre ce qu'ils appelaient l'"accaparement" de leurs terres par la Socfin, décrivant une expansion "continue" de ces plantations depuis 2008, dont les médias et ONG s'étaient fait l'écho.

La Socfin, holding luxembourgeoise dont le groupe Bolloré est actionnaire à hauteur de 39%, les avait tous attaqués en diffamation tandis que sa filiale Socapalm, qui opère au Cameroun, avait poursuivi les deux ONG.

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Les magistrats de la 17e chambre correctionnelle ont suivi les réquisitions du parquet. Ils ont estimé que même si les propos litigieux étaient diffamatoires, les prévenus pouvaient être relaxés au titre de la bonne foi, compte tenu notamment "de l'existence démontrée de revendications portées par certains riverains des plantations" de la Socfin et de la Socapalm.

Les ONG et médias avaient dénoncé des "poursuites-bâillon". Ce procès "n'a pas d'autre but que de créer un climat d'intimidation", avait ainsi affirmé l'avocat William Bourdon, président de l'association Sherpa, devant le tribunal en janvier.

Dans une tribune publiée à la veille du procès, des journalistes et ONG avaient dénoncé les poursuites systématiques dont ils font l'objet quand ils s'intéressent aux activités du groupe Bolloré, notamment en Afrique.

La défense de la Socfin comme celle de la Socapalm avaient estimé que les prévenus n'avaient pas apporté les preuves suffisantes pour étayer ces accusations d'"accaparements", tout en se défendant d'avoir voulu les museler.

Avec AFP