Remise en liberté de 11 personnes arrêtées pour "homosexualité présumée" au Sénégal

Le palais de justice de Dakar

La justice sénégalaise a libéré 11 personnes arrêtées  faute de preuves le 24 décembre dans une ville du centre du Sénégal pour "homosexualité présumée".

Onze personnes, arrêtées le 24 décembre dans une ville du centre du Sénégal pour "homosexualité présumée", ont été libérées mardi par la justice faute de preuves, après avoir échappé à un lynchage, a-t-on appris de sources concordantes.

Les onze avaient été interpellés et placés en garde à vue pendant la nuit de Noël à Kaolack lors de la "célébration du mariage" de deux "homosexuels présumés" dans un lycée de cette ville à environ 200 km à l'est de Dakar, puis déférés au parquet lundi, a rapporté mardi l'Agence de presse sénégalaise (APS, publique).

Ils ont été remis en liberté mardi par un procureur de Kaolack qui a "estimé qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments de preuves contre eux", selon l'APS.

Leur acheminement lundi au tribunal à bord de deux véhicules s'est déroulé "sous haute protection policière", a indiqué à l'AFP un témoin sous le couvert de l'anonymat, un journaliste joint à Kaolack de Dakar.

"La foule voulait les lyncher. Des gens ont jeté des pierres sur les deux véhicules. La police a dispersé la foule avec des bombes lacrymogènes", a-t-il ajouté.

Les "homosexuels présumés" ont été conduits au parquet "les visages dissimulés" alors que "des jeunes se sont mis à brûler des pneus sur la voie publique, pour manifester leur colère" contre les onze, selon l'APS.

Ils ont été gardés dans un lieu tenu secret dans la nuit de lundi à mardi, selon plusieurs médias locaux.

Au Sénégal, les actes homosexuels (le Code pénal parle d'"acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe") sont passibles de un à cinq ans de prison.

En octobre, le président Macky Sall s'était une nouvelle fois opposé à la dépénalisation de l'homosexualité au Sénégal.

"Au nom de quoi on doit penser que parce que ailleurs, on pense que l'homosexualité doit être dépénalisée, ça doit être une loi universelle ? Il faut respecter le droit également pour chaque peuple de définir sa propre législation", avait-il déclaré lors d'une interview à Paris à la chaîne de télévision française iTélé.

Avec AFP