Depuis l'apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
Les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, ont été frappés lundi soir par des "attaques terroristes" qui ont fait 38 morts et de nombreux blessés, a annoncé mardi soir le gouvernement dans un "bilan provisoire officiel".
Lire aussi : 38 morts et de nombreux blessés" dans une attaque contre deux villages"Un contingent des forces de défense et de sécurité a été dépêché sur les lieux pour sécuriser les populations et leurs biens, et traquer les auteurs de ces attaques", a ajouté le gouvernement.
Selon un élu de la région, "la situation a été calme la nuit. Mais après un événement comme ça, les populations ont évidemment peur".
"Nous avons appris que l'armée allait renforcer sa présence aujourd'hui dans le secteur. C'est une bonne chose si ça se réalise", a déclaré cet élu à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
Un fonctionnaire retraité habitant dans le cercle de Koro, dont dépendent administrativement les deux villages attaqués, Amidou Maïga s'est étonné que les assaillants aient pu arriver massivement à moto, malgré les restrictions de circulation dans la zone.
"Le président malien seulement la semaine dernière a encore interdit la circulation des motos. Or, les assaillants sont arrivés à plus de 100 motos. Donc on doit renforcer la sécurité", a-t-il dit.
"Les populations ont peur. Il y a un poste militaire avancé à moins de 30 km de Yoro. il faut le renforcer", a-t-il estimé.
Lire aussi : Retour des islamistes dans la région de TombouctouLors d'un déplacement dans le village dogon de Sobane Da, proche de Bandiagara, où une attaque le 9 juin a fait 35 morts, dont 24 enfants, le président Ibrahim Boubacar Keïta a notamment annoncé l'interdiction de la circulation des motos dans plusieurs localités de la zone.
Des mesures de ce type ont déjà été imposées à plusieurs reprises dans des secteurs du centre du Mali pour prévenir les attaques.
Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d'Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.