Reprise du procès de l'Ougandais Ongwen, avec le premier témoin de l'accusation

Dominic Ongwen, au centre, était un commandant de la LRA, et passe devant les juges de la CPI à La Haye au Pays-Bas, le 6 décembre 2016.

Le premier témoin de l'accusation a dressé lundi, à la reprise du procès de l'Ougandais Dominic Ongwen, l'histoire de la sanguinaire Armée de résistance du Seigneur (LRA), établissant ainsi les bases d'une affaire devant la Cour pénale internationale (CPI) qui devrait durer plusieurs années.

Enlevé vers 14 ans sur le chemin de l'école au nord de l'Ouganda, l'enfant soldat était devenu l'un des commandants les plus redoutés de la LRA, dont il est aujourd'hui le premier membre devant la justice.

Au premier jour de son procès en décembre, le quadragénaire avait plaidé non coupable "au nom de Dieu" de 70 accusations de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour des actes commis au nord du pays entre 2002 et 2005.

"Je ne suis pas la LRA, la LRA, c'est Joseph Kony, qui est le dirigeant", avait alors affirmé Dominic Ongwen, assurant n'être qu'une victime d'une milice qui a, selon l'ONU, massacré 100.000 personnes et enlevé 60.000 enfants depuis sa création vers 1987.

De confession catholique, Joseph Kony est issu d'une famille d'hommes possédés par les esprits, "ce qui est perçu comme une chose effrayante", a rapporté lundi Tim Allen, professeur d'anthropologie du développement à la London School of Economics.

Celui qui était un guérisseur réputé avant de diriger sa milice terrifie de nombreux jeunes Ougandais, "enlevés brutalement et forcés à voir ou faire des choses terribles". Même une fois libres, certains craignaient toujours qu'il ne sache "ce qu'ils pensent ou où ils sont".

Mais "la plupart étaient effrayés par Kony lui-même, par son espèce d'imprévisibilité. Parfois, il était gentil et raisonnable, parfois, il parlait d'une voix étrange et agissait de manière violente", a expliqué M. Allen. "Il pouvait prédire des choses avant qu'elles ne se produisent."

Alors que Joseph Kony continue d'échapper à toute arrestation, Dominic Ongwen s'était rendu aux forces spéciales américaines en janvier 2015 en Centrafrique.

D'après la défense, il était sous la menace d'une mort imminente par Joseph Kony et souffre d'un syndrome de stress post-traumatique lié à son passé.

Autrefois près de 4.000, les rebelles de la LRA ne sont aujourd'hui plus que quelques centaines, dispersés en République démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan du Sud et Soudan.

Avec AFP