Restrictions et réformes: le statut de la femme en Arabie Saoudite

Un espace de la sainte mosquée réservée aux femmes à la Mecque, Arabie saoudite, 8 septembre 2017. (VOA/Siriki Barro)

L'Arabie saoudite a autorisé jeudi les femmes à obtenir un passeport et à voyager à l'étranger sans l'accord préalable d'un "gardien" de sexe masculin.

Malgré cette avancée, le pays, qui se dit déterminé à changer son image de royaume ultraconservateur, garde un grand nombre de lois et politiques publiques qui entravent la liberté des femmes saoudiennes.

- Education -

Le système saoudien de "gardien masculin" place le statut légal et personnel des femmes sous le contrôle de leur père, mari, frère ou même fils. Elles doivent obtenir la permission de leur parent mâle le plus proche pour faire des études, dans le pays ou à l'étranger.

En juillet 2017, le ministère de l'Education a annoncé que les écoles pour filles allaient commencer à proposer des cours d'éducation physique, à condition que cela reste conforme à la loi islamique (charia). Le ministère n'a pas précisé si elles devraient obtenir la permission de leur "gardien" pour y participer.

Le pays compte plusieurs universités réservées aux femmes.

- Emploi -

Les restrictions que le système du gardien mâle imposait à l'emploi des femmes ont été assouplies, dans un contexte de diversification de l'économie du royaume, pour diminuer sa dépendance aux ressources pétrolières.

Le prince Mohammed ben Salmane, désigné héritier de la couronne en juin 2017, a présenté un plan de développement économique baptisé "Vision 2030", dont l'un des objectifs est de faire passer le taux d'emploi des femmes de 22 à 30% d'ici une dizaine d'années.

Son père, le roi Salmane, a signé un décret autorisant les femmes à obtenir en ligne un permis pour créer une entreprise. La police a ouvert ses rangs à des officiers femmes.

- Voyage, permis de conduire -

Depuis le 1er août 2019, les femmes peuvent obtenir un passeport et voyager à l'étranger sans l'accord préalable d'un "gardien" de sexe masculin.

A partir du 24 juin 2018, elles ont été autorisées à conduire pour la première fois dans l'histoire du royaume. Bien que cette réforme ait été bien accueillie, elle n'a pas été le prélude à de nouvelles libertés politiques.

Des militantes, dont certaines bataillaient depuis des années pour le droit de conduire, ont été emprisonnées et poursuivies en justice, notamment pour avoir parlé à des journalistes étrangers.

- Statut personnel -

Les femmes de tous âges doivent obtenir la permission de leur "gardien" pour se marier. Un homme peut divorcer sans le consentement de sa femme.

En janvier, le ministère de la Justice a indiqué que les tribunaux avaient désormais l'obligation de notifier par SMS aux femmes la fin de leur mariage, une mesure destinée à empêcher certains maris de divorcer sans en informer leur partenaire, ce qui était parfois le cas.

- Espaces publics -

En janvier 2018, les femmes ont été autorisées pour la première fois à pénétrer dans certaines enceintes sportives, dans des tribunes séparées.

Les pouvoirs de la redoutée police religieuse, qui a pendant des décennies patrouillé les rues pour réprimander les femmes pas assez couvertes ou au vernis à ongle trop brillant, ont été réduits.

Dans la capitale, Ryad, et dans d'autres villes il est désormais possible de voir des femmes circuler sans foulard.