Retard dans l'annonce au Soudan du premier gouvernement post-Béchir

Prestation de serment du Conseil souverain, l'organe en charge de la transition, au palais présidentiel de Khartoum (Soudan), le 21 août 2019.

Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a retardé l'annonce du premier gouvernement au Soudan depuis la destitution du président Omar el-Béchir, afin de pouvoir poursuivre les consultations sur le choix de ses ministres, a indiqué mercredi un responsable.

Ce nouveau gouvernement est censé relever d'importants défis, après trois décennies de pouvoir militaire et des mois de contestation ayant abouti à la mise à l'écart et à l'arrestation par l'armée de M. Béchir.

Aux termes d'un accord historique signé le 17 août entre la contestation et les militaires, la composition du gouvernement devait être annoncée ce mercredi.

Mais l'annonce a été retardée car les "délibérations sur le choix des ministres sont toujours en cours", a indiqué une source proche de M. Hamdok, investi le 21 août. Cette source n'a pas précisé la date à laquelle sera dévoilé le nouveau gouvernement.

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Le Premier ministre devrait nommer les membres de son cabinet parmi les noms proposés par les Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance du mouvement de contestation.

Il avait dit qu'il choisirait pour son gouvernement des technocrates en fonction de leurs "compétences". "Nous voulons une équipe homogène à la hauteur des défis".

"Paix durable"

Le gouvernement doit être composé au maximum de 20 membres, choisis par M. Hamdok à l'exception des ministres de l'Intérieur et de la Défense, qui seront nommés par les militaires siégeant au Conseil souverain

Ce Conseil, une instance à majorité civile mais dirigée par un militaire, doit mener pendant un peu plus de trois ans la transition vers un pouvoir civil, aux termes de l'accord.

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Agé de 63 ans, Abdallah Hamdok, un économiste et ancien collaborateur de l'ONU, avait affirmé qu'il s'attacherait à "une représentation juste des femmes" au sein du gouvernement.

"J'ai des sentiments partagés à propos du gouvernement à venir", a toutefois déclaré Tahani Abbas, militante pour les droits des femmes. "La composition qui a été ébruitée suggère qu'il ne représente pas les femmes de manière satisfaisante".

Deux femmes siègent au Conseil souverain, composé de 11 membres (six civils et cinq généraux) et, selon l'accord de transition, le Parlement qui doit être constitué devra comporter au moins 40% de femmes.

Pour la militante, les institutions gouvernementales devraient être strictement paritaires.

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Selon Othman Mirghani, analyste soudanais et rédacteur en chef du quotidien indépendant Al-Tayyar, le prochain gouvernement devra se focaliser sur la conclusion d'accords de paix avec les groupes rebelles dans les régions du pays en conflit, notamment ceux ayant rejeté l'accord de transition.

Conclu par les FLC et le Conseil militaire qui avait succédé à M. Béchir -destitué et arrêté par l'armée le 11 avril-, cet accord trace les grandes lignes de la transition et mentionne la nécessité de faire la paix avec les rebelles dans les six mois.

M. Hamdok a promis "d'arrêter la guerre et de construire une paix durable".

Des centaines de milliers de personnes ont été tuées dans les conflits au Darfour, au Nil Bleu et au Kordofan-sud, et des millions déplacées.

Optimisme prudent

L'autre défi du gouvernement sera de relever l'économie qui s'est écroulée après la sécession du Sud en 2011, le Soudan ayant été privé des trois quarts de ses réserves de pétrole.

Deux décennies de sanctions américaines pour violations des droits humains, levées en 2017, ont aggravé la situation et le pays fait face à une inflation galopante, des pénuries chroniques de biens de première nécessité et un manque criant en devises étrangères.

La détresse économique des Soudanais a été la cause principale du déclenchement des manifestations en décembre 2018, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

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Le portrait du Premier ministre du Soudan Abdallah Hamdok

Les manifestations s'étaient transformées rapidement en contestation du général Béchir. Durant les près de huit mois de manifestations, plus de 250 personnes ont péri dans la répression, selon un comité de médecins proche de la contestation.

Des Soudanais attendent le nouveau gouvernement avec un optimisme prudent.

Les ministres seront "mis à l'épreuve quand ils s'attaqueront aux défis" du pays, a dit Mohamed Amin, 32 ans, employé d'une entreprise privée.

Pour Mohamed Babiker, un fermier de 65 ans, la remise sur pied de l'économie dépendra de la capacité du gouvernement à tirer profit des ressources du pays. "S'il y arrive, ça fera beaucoup pour la stabilité".