Dans plusieurs établissements pénitentiaires du Niger, des détenus djihadistes jouent des rôles d'éducateurs religieux, indique un rapport du Collectif de défense des droits de l’homme du pays.
Les enquêteurs du collectif ont relevé un risque élevé de radicalisation djihadiste dans les prisons qu'ils ont visitées. "Ils (les détenus djihadistes) côtoient sans restriction les autres", a déclaré le coordonnateur du Collectif des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie Kaani Abdoulaye, lors de la présentation du rapport à la presse à l'occasion du Mandela Day (18 juillet).
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A la prison civile de Niamey, tout comme dans celle de haute sécurité de Koutoukalé et au camp pénal de Kollo "des détenus djihadistes remplissent le rôle de chef spirituel", indique le rapport.
"Au lieu de jouer son rôle, la prison risque de devenir un incubateur de radicalisation", s’inquiète Kaani Abdoulaye.
Des détenus ordinaires ont affirmé aux enquêteurs du CODDHD avoir de bonnes relations avec leurs codétenus djihadistes, d’autres disent même qu’ils (détenus djihadistes) sont de "très bons amis musulmans".
Le document met en lumière aussi l’ineffectivité des droits humains dans les établissements pénitentiaires. Il s'agit du droit à l’intégrité physique et morale, le droit à l'alimentation, le droit à la santé, le droit à un environnement sain ou encore les droits aux loisirs et l’éducation.
La lenteur des procédures judiciaires pour les personnes en détention provisoire a également été relevé comme une violation des droits humains par le CODDHD qui estime que cela peut également "nourrir un sentiment d’injustice qui peut alimenter la radicalisation".
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Depuis 2014, le collectif des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie, effectue des visites dans les prisons du pays.
Deux problèmes majeurs sont récurrents : la surpopulation carcérale et la non séparation des détenus selon la gravité de leurs infractions.
Le CODDHD a fait des recommandations aux pouvoirs publics: "prendre des mesures pour séparer les détenus selon la nature de leurs infractions et former le personnel pénitentiaire en matière de détection des risques de radicalisation au sein des maisons d’arrêts".