Après les attaques répétées cet été du ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini (qui est aussi vice-Premier ministre) sur la question migratoire, l'Union européenne est désormais aussi la cible de son alter ego du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), Luigi Di Maio, qui a fait monter la pression d'un cran.
"Nous avons eu l'occasion de voir au cours de ces derniers mois comment fonctionne l'approche modérée envers l'Union européenne et comment fonctionne la ligne dure envers l'Union européenne", a déclaré ce dernier sur Facebook.
"Si l'UE s'obstine dans ce comportement, si demain (vendredi) la réunion de la Commission ne décide rien, il n'en sort rien sur le navire Diciotti et sur la redistribution des migrants, alors moi et tout le M5S nous ne serons plus disposés à donner 20 milliards d'euros à l'Union européenne chaque année", a-t-il ajouté.
Lire aussi : Rome espère une solution rapide pour les 177 migrants en SicileLes menaces en Europe "ne servent à rien et ne mènent "nulle part", a répliqué vendredi un porte-parole de la Commission à Bruxelles, Alexander Winterstein.
"Les commentaires peu constructifs n'aident pas et ne nous rapprochent pas d'une solution", a-t-il insisté alors que devait se tenir à Bruxelles une réunion informelle au niveau des hauts fonctionnaires pour évoquer la question migratoire.
Un rendez-vous qui intervient une semaine après le sauvetage de 190 migrants du 15 au 16 août dernier en Méditerranée par le Diciotti, navire des garde-côtes italiens, et les multiples refus de Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême-droite), de les accueillir.
"Personne ne débarquera en Italie sans mon autorisation", a réaffirmé jeudi M. Salvini, assurant que l'Italie ne deviendrait pas "un camp de réfugiés" pour le reste de l'Europe.
- 'Situation critique' -
Une semaine après ce sauvetage, le gouvernement populiste italien n'entend pas vouloir dévier d'un iota de la ligne dure qu'il s'est fixée sur la question migratoire.
Et ce malgré les nombreuses voix qui s'élèvent pour dénoncer les conditions de vie des migrants bloqués à bord du Diciotti.
Si l'écrivain antimafia, Roberto Saviano, a qualifié mardi la situation de "prise d'otage", le Défenseur des droits des détenus, une institution officielle indépendante, a adressé vendredi un courrier aux parquets de Catane et Agrigente où il fait état d'une "situation critique" des migrants à bord du Diciotti pouvant exposer l'Italie "au risque de condamnations par des instances internationales". Jeudi, il s'était rendu à bord du navire, dénonçant à sa sortie les conditions sanitaires précaires dans lesquelles se trouvent ces migrants, des hommes et des femmes, essentiellement originaires d'Erythrée.
Les deux parquets siciliens ont du reste ouvert une enquête sur le Diciotti, pour associations de malfaiteurs visant le trafic d'êtres humains mais aussi pour séquestration de personnes, le maintien à bord des migrants pouvant être jugé illégal.
Selon les médias italiens, une petite partie des migrants du navire ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur maintien à bord. Joint par l'AFP, les gardes-côtes ont indiqué que ces migrants "avaient refusé de prendre leur petit déjeuner vendredi matin".
Le Diciotti a secouru dans la nuit du 15 au 16 août 190 migrants. Treize d'entre eux ont été débarqués pour des raisons sanitaires sur l'île de Lampedusa, puis le navire a accosté lundi à Catane.
Lire aussi : Le ministre italien de l'Intérieur menace de renvoyer des migrants en LibyeAu pouvoir depuis trois mois, le nouveau gouvernement populiste italien a accru la pression sur les autres pays de l'UE pour qu'ils partagent davantage la prise en charge des arrivants, même si leur nombre est en chute libre depuis le début de l'année. Quelque 700.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis 2014, mais le nombre de ces arrivées avait diminué de plus de 80% à fin juin par rapport à l'an dernier, selon le ministère de l'Intérieur.
En juillet, 450 migrants étaient ainsi restés trois jours à bord du même Diciotti, jusqu'à ce que l'Italie accepte leur arrivée après avoir obtenu que d'autres Etats européens en accueillent une partie.
Avec AFP