Les locaux du quotidien Al Mesryoon ("Les Egyptiens") ont été investis lundi par les forces de l'ordre, selon son rédacteur en chef Gamal Sultan.
Ce journal, qui appartient aux Frères musulmans, tombe sous le coup de la décision d'une commission judiciaire qui a ordonné le 11 septembre la saisie des avoirs, des entreprises, médias, associations de plus d'un millier de membres du mouvement, classé "terroriste" par les autorités.
"La confiscation du journal Al Mesryoon est arbitraire et doit être annulée", a déclaré dans un communiqué Sophie Anmuth, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF.
"Les autorités égyptiennes font une nouvelle fois la preuve de leur intolérance à la critique, si modérée soit-elle", a-t-elle ajouté. "Aujourd'hui, toute personne, tout média qui déplaît au gouvernement est automatiquement accusé de soutenir les Frères musulmans et cela suffit à en faire une cible."
Le quotidien sera désormais contrôlé par le journal gouvernemental Akhbar Al Youm, "ce qui va entraîner un changement de la politique éditoriale", regrette RSF.
Lire aussi : Condamnation définitive à la peine capitale pour 20 islamistes en EgypteLe site internet d'Al Mesryoon figurait déjà parmi les plus de 500 sites, dont celui de RSF, bloqués en Egypte, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression (AFTE), basée au Caire.
Ces derniers mois, le président Abdel Fattah al-Sissi a promulgué deux lois controversées, sur la cybercriminalité et sur la réglementation de la presse et des médias.
Les deux textes instaurent un contrôle plus étroit d'internet, notamment de toute personne ayant plus de 5.000 abonnés en ligne sur un site personnel, un blog ou les réseaux sociaux.
Les violations de la liberté de la presse et d'expression en Egypte sont régulièrement dénoncées par les défenseurs des droits de l'Homme, en particulier depuis la destitution, par l'armée et à la suite de manifestations populaires, du président islamiste Mohamed Morsi, à l'été 2013.
Lire aussi : Les deux fils Moubarak libérables sous caution en EgypteArrivé au pouvoir en 2014, réélu à plus de 97% en mars, le président al-Sissi est accusé d'avoir instauré un régime autoritaire et répressif. Les autorités rejettent ces accusations, invoquant la lutte contre le terrorisme.
L'Egypte figure à la 161e place (sur 180 pays) au classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.
Avec AFP