Dans une démarche sans précédent, le monde du football européen s'unit pour défier l'autorité de la Fifa. L’organisation basée à Zurich est depuis lundi 14 octobre 2024, l’objet d’une plainte déposée devant la Commission européenne par des ligues de football (Italie, France, Espagne, Royaume-Uni, Norvège, etc.) et la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels, plus communément appelée FIFPro.
Lire aussi : Kylian Mbappé serait au centre d'une enquête sur un "viol" en SuèdeCes derniers reprochent à la FIFA une "gestion unilatérale du calendrier international des matchs de football" avec pour conséquence une charge de travail jugée intenable pour les joueurs.
"La Fifa refuse d'écouter et de s'engager avec les joueurs, la principale ressource de travail de notre industrie, qui sont sur le terrain, créant une puissance du divertissement culturel européen et mondial, et poussant leurs corps à la limite", a déclaré le président de la FIFPro Europe David Terrier.
Au cœur de la discorde
"Mais nous avons écouté nos joueurs, nous avons reçu le même message pendant longtemps, qu’ils jouent trop et n’ont pas assez de temps pour récupérer. À l’approche de la pire saison en termes de charge de travail, beaucoup ont également décidé de s’exprimer publiquement avec le même message : ça suffit maintenant !" a-t-il lancé, faisant écho à un malaise qui couve depuis longtemps.
Il a cependant été exacerbé avec la création fin 2023 d’une nouvelle Coupe du monde des clubs par la Fifa. La compétition quadriennale et élargie à 32 équipes doit se tenir aux États-Unis pour sa première édition à partir de mi-juin 2025.
Lire aussi : Aliou Cissé n’est plus le sélectionneur du SénégalIl s’agit d’un tournoi de 29 jours à disputer une semaine seulement après la fin de la saison des plus grands clubs européens. Plus préoccupant selon les plaignants, la fin de cette Coupe du monde des clubs ne laisse que peu de répit aux joueurs avant l’ouverture d’une nouvelle saison dans leurs championnats respectifs.
Et ce cycle va se poursuivre jusqu’à la Coupe du monde 2026 prévue aux États-Unis, au Canada et au Mexique avec non pas 32 équipes comme par le passé, mais 48 pays participants. De quoi augmenter le nombre de matchs.
Le spectre d’une grève
"En introduisant de nouveaux formats et en étendant les compétitions unilatéralement, la Fifa agit uniquement dans son propre intérêt, sans tenir compte des dommages que cela pourrait causer à tout l'écosystème du football", pointe Javier Tebas, le patron de la Liga, le championnat de football d’élite espagnole, alors que plusieurs joueurs se sont plaints récemment d’un calendrier devenu infernal et d’une résurgence des blessures.
"Le très haut niveau, c'est comme une machine à laver, on joue tout le temps et ça ne s'arrête jamais. Pour l'instant, j'ai l'impression d'étouffer et que le joueur absorbe l'homme", a déclaré Raphaël Varane, ancien champion du monde français, à l’annonce de sa retraite internationale en février 2023.
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Face à la multiplication des accusations, la Fifa botte en touche, arguant n’être responsable que d’une petite partie des matchs. Elle indique par ailleurs que l'argent des compétitions sert à développer le football mondial. Les joueurs de leur côté n’excluent pas une grève pour se faire entendre.