Après six mois de calme relatif, les combats ont repris début octobre dans le Nord-Kivu entre la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenue par le Rwanda selon de nombreuses sources, et l'armée congolaise (FARDC) alliée à des groupes armés se présentant comme des "patriotes". Selon l'ONU, ce regain de violence a provoqué le déplacement de quelque 200.000 personnes.
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Mercredi, des affrontements dans le territoire de Masisi ont vidé de leur population plusieurs villages de la région de Kilolirwe, à une quarantaine de km de la capitale provinciale. Selon des représentants de la société civile, plus de 3.000 nouveaux déplacés étaient signalés dès mercredi soir dans la localité de Sake, où d'autres ont continué d'affluer.
"Nous avions regagné nos villages et là, de nouveau, nous avons dû fuir, je ne sais pas où je vais dormir", se désole Alice, une mère de famille interrogée par téléphone depuis Goma. "Que le gouvernement ramène la paix!", implore-t-elle.
Ces nouveaux déplacés "sont sans abri, nous nous débrouillons pour les mettre dans des écoles", explique Primo Bauma, un chef coutumier, en constatant que leur présence "fait paniquer les gens", qui craignent que les rebelles approchent.
La cité de Sake est considérée comme une ligne rouge par l'armée et la force de l'ONU en RDC (Monusco), qui ont annoncé vendredi dernier le lancement d'une opération, appelée "Springbok", destinée à empêcher le M23 de s'en emparer et d'envahir Goma.
Fin octobre, les rebelles avaient pris une autre cité stratégique au nord de Sake, Kitshanga, et semblent depuis étendre leur offensive vers le sud. Des soldats burundais de la force de la Communauté d'Afrique de l'Est, qui étaient basés à Kitshanga, ont quitté la ville, selon des sources locales.
"Dès que le M23 a réoccupé Kitshanga, les rebelles ont interdit tout mouvement au contingent burundais, qui était comme pris en otage", a expliqué un responsable de la société civile. Puis "la population a constaté mercredi que les Burundais étaient partis dans la nuit", a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs jours, d'autres combats ont lieu dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo, où l'armée engage des moyens aériens contre les rebelles. Par deux fois, une ligne moyenne tension alimentant une bonne partie de Goma a été endommagée. Coupée lundi, l'alimentation électrique a été rétablie le lendemain, avant d'être de nouveau interrompue mercredi.