HRW dénonce des arrestations abusives et menaces visant l'opposition tchadienne

"Menacer un leader de l'opposition d'arrestation et placer ses partisans en détention montrent clairement que les libertés fondamentales ne sont pas garanties", s'émeut HRW.

L'arrestation de dizaines d'opposants au Tchad et leur détention en dehors des délais légaux, ainsi que la menace d'interpeller leur leader s'apparentent à une tentative du pouvoir militaire de "limiter la dissidence politique" à deux mois d'un référendum constitutionnel, déplore Human Rights Watch.

Le 8 octobre, des dizaines de militants du parti des Transformateurs ont été arrêtés à N'Djamena, la capitale et 72 autres maintenus en détention cinq jours après sans accès à un avocat, selon l'ONG internationale.

Certains ont été arrêtés alors qu'ils faisaient du sport dans un stade et d'autres en rénovant le siège des Transformateurs ou en collant des affiches annonçant le retour au pays du président en exil du mouvement, Succès Masra, le 18 octobre à deux jours du premier anniversaire d'une manifestation contre le maintien au pouvoir de la junte militaire, réprimée dans un bain de sang.

Lire aussi : Le Tchad accepte le transit des troupes françaises chassées du Niger

M. Masra a choisi l'exil comme nombre de leaders de l'opposition, après le "jeudi noir" du 20 octobre 2022 suivi de gigantesques rafles ayant conduit des centaines de jeunes opposants en prison. Il a annoncé début octobre son intention de revenir à N'Djamena le 18 du mois. Mais un mandat d'arrêt international émis contre lui par le parquet et daté du 8 juin 2023 avait immédiatement fuité dans la presse, pour le crime d'"incitation au soulèvement insurrectionnel".

"Menacer un leader de l'opposition d'arrestation et placer ses partisans en détention montrent clairement que les libertés fondamentales ne sont pas garanties", s'émeut Human Rights Watch dans un communiqué, pour qui la junte militaire semble mener "une tentative de limiter la dissidence politique avant le référendum constitutionnel".

Estimant que l'on "ignore" si le délai de 48 heures de détention provisoire a été légalement renouvelé ou et que les détenus n'ont pas eu accès à une défense, HRW exhorte le pouvoir à "respecter les principes fondamentaux de la pluralité politique" à l'approche du référendum constitutionnel prévu le 17 décembre.

"Pour qu'il ait une quelconque légitimité, les partis d'opposition et leurs militants doivent se sentir libres de se réunir et de faire campagne. Dans le cas contraire, le référendum risque d'être perçu comme un moyen de transformer le gouvernement de transition en un gouvernement permanent", conclut l'ONG.

Your browser doesn’t support HTML5

Tchad : venir à bout des conflits communautaires dans le Nord-Kanem

Le 20 avril 2021, aussitôt après l'annonce de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé pendant 30 ans d'une main de fer ce pays d'Afrique centrale, une junte de 15 généraux avait proclamé son jeune fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, président pour une période de transition de 18 mois avant des élections.

Mais, 18 mois plus tard, en octobre 2022, il la prolongé de deux ans en invoquant la décision d'un Dialogue de réconciliation nationale boycotté par la grande majorité de l'opposition et les plus puissants des groupes rebelles armés.