Révoqué, le maire du Plateau fustige une "dérive totalitaire" du pouvoir en Côte d'Ivoire

Noël Akossi Bendjo, maire du Plateau, le quartier administratif et des affaires d'Abidjan, sur une affiche devant laquelle se tient une jeune fille, à Abidjan, Côte d’Ivoire, 13 avril 2013.

Révoqué pour "détournements", Noël Akossi Bendjo, le maire du Plateau, le quartier administratif et des affaires d'Abidjan, a rejeté jeudi ces accusations, y voyant une "dérive totalitaire" du régime, en pleine bataille politique entre les deux grands partis de la coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire.

M. Bendjo a été révoqué mercredi par un décret adopté en conseil des ministres, pour de "graves déviations" dans le maniement des fonds communaux, des faux en écritures publiques et des détournements de fonds portant sur plusieurs millions d'euros, selon l'annonce du porte-parole du gouvernement Sidi Touré.

"Cette décision ne nous surprend pas, elle était annoncée depuis notre refus de cautionner l'inféodation du PDCI-RDA, à travers un parti supposé unifié, écrit dans un communiqué M. Bendjo, un des barons du Parti démocratique de Côte d'Ivoire.

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"Elle a été amplifiée par notre combat pour la réconciliation de tous les Ivoiriens, la libération des prisonniers politiques et le retour d'exil de nos frères et sœurs. Voici ce qui justifie cette sanction pour le Plateau, le reste n'est que maquillage", estime M. Bendjo.

"Je ne me reconnais nullement dans ce qui m'est reproché après une parodie d'inspection", poursuit-il.

Pour lui, cette décision montre "maintenant que les masques sont tombés". "Nous invitons tous les Ivoiriens, de tout bord politique et de la société civile, à se mettre en rang de bataille pour mettre fin à la dérive totalitaire qui s'installe dans notre pays".

Cette révocation survient alors que la lutte fait rage entre le Rassemblement des Républicains (RDR) du président Alassane Ouattara, et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), de l'ancien président Henri Konan Bédié, qui dirigent ensemble le pays depuis 2011.

Les relations sont tendues depuis plusieurs mois en raison du lancement par le président Ouattara d'un grand "parti unifié" dans lequel les deux formations sont censées se fondre, ce que refuse le PDCI.

A l'image de la direction de son parti, M. Bendjo est hostile au "parti unifié", auquel sont favorables en revanche plusieurs ministres membres du PDCI. Sa révocation survient à deux mois des élections municipales programmées en octobre, et alors que des figures du RDR lorgnent sur la mairie du Plateau, selon une source proche du RDR.

Avec AFP