Le manque de financement menace les progrès contre le paludisme

Un enfant souffrant des symptomes du paludisme à Arusha en Tanzanie le 11 mai 2016.

Un "besoin urgent" en financement menace les progrès enregistrés dans le monde dans la lutte contre le paludisme, a mis en garde mardi l'OMS en présentant son rapport sur cette maladie responsable de 429.000 morts en 2015.

Entre 2010 et 2015, le nombre de nouveaux cas a chuté de 21% et la mortalité de 29% mais il y en avait toujours 212 millions en 2015, notamment en Afrique sub-saharienne, souligne l'Organisation mondiale de la santé.

Cette région du monde supporte une part disproportionnée de la charge mondiale du paludisme, avec, en 2015, 90% des cas de paludisme et 92% des décès, ajoute le rapport de l'OMS, présenté mardi à Londres.

Or, "dans beaucoup de pays de la région, des manques de moyens importants subsistent", regrette l'organisation, en expliquant qu'en 2015, 43% de la population n'étaient pas protégés par les dispositifs de base (moustiquaires ou pulvérisations d'insecticide).

"Les manques de financement et des systèmes de santé fragiles sapent les progrès (contre le paludisme)" et "mettent en péril la réussite des objectifs mondiaux", avertit l'OMS.

Le rapport souligne ainsi qu'après avoir fortement progressé entre 2000 et 2010, les financements alloués à la lutte contre cette maladie ont stagné.

"Les progrès sans précédent dans la lutte contre le paludisme sont un des plus grands succès de l'histoire médicale. Pour autant, un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes", a regretté Pedro Alonso, responsable du programme mondial sur le paludisme à l'OMS, lors de la présentation du rapport.

"Nous avons besoin de nouveaux médicaments", a-t-il ajouté, déplorant que certains pays en pleine croissance n'aient pas accru leurs investissements contre la maladie.

L'OMS constate, malgré tout, des progrès, en particulier dans l'accès aux soins préventifs et aux dépistages en Afrique sub-saharienne pour les enfants et femmes enceintes, des populations particulièrement exposées à cette maladie potentiellement mortelle, causée par une piqûre de moustique infecté.

L'organisation note qu'entre 2010 et 2015 dans vingt pays d'Afrique, le nombre de femmes recevant un traitement préventif a été multiplié par cinq.

L'OMS s'inquiète toutefois de la résistance grandissante des moustiques aux traitements et aux insecticides. Selon l'organisation, des cas de résistance au traitement standard (artémisinine) ont par exemple été détectés dans cinq pays de la sous-région du Grand Mékong (Asie du sud-est).

Avec AFP