Scandale Pegasus: Alger porte plainte contre Reporters sans Frontières

Le drapeau algérien à Alger, le 12 avril 2018.

Alger a porté plainte vendredi pour "diffamation" auprès de la justice française contre l'ONG Reporters sans frontières (RSF) qui a accusé l'Algérie d'avoir eu recours au logiciel israélien Pegasus à des fins d'espionnage, avant de revenir sur ces affirmations.

La plainte déposée par Alger vise des déclarations de RSF publiées le 19 juillet sur son site, a affirmé l'ambassade d'Algérie en France.

Dans ces déclarations, RSF affirmait que "l'Algérie figure parmi les pays en possession du logiciel Pegasus" et que le pays "l'utiliserait pour espionner d'autres parties".

L'ONG avait ensuite rétropédalé, publiant vendredi un erratum: "dans un premier temps, nous avons fait figurer l'Algérie dans la liste des pays clients de NSO. Cette erreur, que nous regrettons, a été corrigée."

"Outre leur caractère diffamatoire et mensonger, ces allégations inadmissibles relèvent de la manipulation de RSF connue pour son acharnement vis-à-vis de l'Algérie", a accusé l'ambassade, soulignant que l'Algérie "dément formellement ces accusations".

L'Algérie "ne dispose aucunement de ce logiciel et n'a jamais eu à l'utiliser, ni à traiter ou à collaborer, de quelque manière que ce soit, avec les parties détenant cette technologie à des fins d'espionnage", conclut-elle.

Pour le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, "l'Algérie monte en épingle une petite et regrettable erreur pour se faire passer pour une victime de machination, ce qui n'a pas de sens."

"C'est une surréaction de la part d'un régime habitué à la surenchère et aux excès", a-t-il jugé, sollicité par l'AFP. "Il n'y avait vraiment pas d'intention de malveillance et il n'y a certainement pas de manipulation vis-à-vis de l'Algérie, il n'y a pas d'acharnement".

La justice algérienne a par ailleurs annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête préliminaire après les révélations de presse selon lesquelles l'Algérie fait partie des victimes du logiciel espion israélien Pegasus.

Le ministère algérien des Affaires étrangères a fait part jeudi de "sa profonde préoccupation suite aux révélations (...) faisant état de l'utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d'un logiciel d'espionnage dénommé +Pegasus+ contre des responsables et citoyens algériens".

Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50.000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO --la société israélienne ayant conçu Pegasus-- pour être potentiellement surveillés, et l'ont partagée avec un consortium de 17 médias qui ont révélé son existence dimanche.

La liste des cibles potentielles comprend les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise, d'après l'analyse du consortium --qui en a localisé beaucoup au Maroc.

Cette affaire survient au moment où les relations entre l'Algérie et le Maroc sont au plus bas en raison du contentieux du Sahara occidental.