Seiko Hashimoto, femme politique et médaillée olympique, prend les rênes des JO de Tokyo

La ministre japonaise des Jeux olympiques et paralympiques, Seiko Hashimoto, participe à une conférence de presse à Tokyo, au Japon, le 16 septembre 2020.

La ministre japonaise des Jeux olympiques Seiko Hashimoto, 56 ans, a été nommée jeudi présidente du comité d'organisation des JO de Tokyo-2020.

Nommée jeudi présidente du comité d'organisation des JO de Tokyo-2020, Seiko Hashimoto a fait le voeu de "regagner la confiance" de l'opinion publique après l'embarrassant scandale sexiste qui avait poussé son prédécesseur Yoshiro Mori à démissionner vendredi dernier.

"Je ne vais m'épargner aucun effort pour le succès des Jeux de Tokyo", a déclaré Mme Hashimoto après sa nomination, intervenant à cinq mois de l'ouverture prévue de l'événement (23 juillet - 8 août), reporté l'an dernier à cause de la pandémie de Covid-19.

"Je suis persuadée que les Jeux vont attirer plus l'attention sur l'égalité des sexes, et à ce niveau je suis déterminée à regagner la confiance", a-t-elle ajouté par la suite.

Elle s'est engagée à porter le taux de femmes au sein du conseil exécutif de Tokyo-2020 à 40% contre 20% actuellement, et a appelé les volontaires des Jeux et les coureurs du relais de la flamme olympique qui avaient jeté l'éponge après l'affaire Mori à changer d'avis.

Elle avait auparavant présenté au Premier ministre Yoshihide Suga sa démission du gouvernement, dont elle était l'une des deux seules femmes à occuper un portefeuille, précisément celui des Jeux olympiques et de l'Egalité des sexes depuis septembre 2019.

M. Suga a annoncé son remplacement par une autre femme, Tamayo Marukawa (50 ans), qui avait déjà été ministre des JO entre 2016 et 2017.

Mme Hashimoto était rapidement apparue comme la grande favorite pour succéder à M. Mori, poussé vers la sortie pour avoir déclaré début février que les femmes parlaient trop longtemps durant les réunions, ce qu'il trouvait "embêtant".

"Le choix idéal"

Les propos de cet ancien Premier ministre japonais de 83 ans avaient été vivement condamnés, au Japon comme à l'étranger.

Le Comité international olympique (CIO) avait tardivement jugé qu'ils étaient contraires aux valeurs de l'olympisme, et des sponsors des JO avaient aussi accentué la pression sur M. Mori.

Le président du CIO Thomas Bach a adressé jeudi dans un communiqué ses "plus sincères félicitations" à Mme Hashimoto, "le choix idéal" selon lui et "un message "extrêmement fort pour ce qui est de l'égalité des sexes".

Tokyo-2020 avait formé un conseil paritaire pour régler la succession de M. Mori, qui avait initialement tenté de se faire remplacer par l'ancien patriarche du football professionnel nippon Saburo Kawabuchi, encore plus âgé que lui (84 ans).

M. Suga a appelé Mme Hashimoto à "travailler dur" pour concrétiser les Jeux de Tokyo, en se basant sur son expérience d'ancienne sportive de haut niveau.

Par ailleurs membre de la Chambre haute du Parlement depuis 1995, Mme Hashimoto a en effet une longue carrière sportive derrière elle.

Elle a participé à sept Jeux olympiques (quatre JO d'hiver et trois JO d'été) dans les années 1980 et 1990, comme patineuse de vitesse et cycliste sur piste. Elle a décroché une médaille de bronze en patinage de vitesse aux Jeux d'Albertville (France) en 1992.

Une décision imposée?

Le fait que Tokyo-2020 ait établi "cinq critères pour choisir le nouveau président, dont la compréhension de l'égalité des sexes et des droits humains, représente un vrai progrès", a réagi auprès de l'AFP Kazuko Fukuda, une militante des droits des femmes au Japon.

"Maintenant il faut s'assurer que les politiques d'égalité hommes-femmes dans le pays ne reculent pas", a ajouté Mme Fukuda, qui avait contribué à organiser une pétition en ligne après l'affaire Mori ayant récolté au total plus de 157.000 signatures.

Depuis l'Open d'Australie de Melbourne, où elle vient de battre Serena Williams pour accéder à la finale du tournoi féminin, la superstar japonaise du tennis Naomi Osaka a aussi estimé que la nomination de Mme Hashimoto était "une bonne chose".

"Des barrières sont en train de tomber, surtout pour les femmes", s'est félicitée la championne de 23 ans, qui avait traité M. Mori d'"ignorant" après ses propos sexistes.

Mme Hashimoto aurait toutefois hésité à accepter la présidence de Tokyo-2020, selon plusieurs médias nippons.

Le défi qui l'attend est immense. Une majorité de Japonais est contre la tenue des JO cette année, redoutant que l'événement n'entraîne une recrudescence de la pandémie dans le pays.

Les organisateurs des JO ont préparé une batterie de mesures et restrictions face au Covid-19, mais sans aller jusqu'à imposer de quarantaine ou la vaccination pour les participants.

Mme Hashimoto a affirmé jeudi que ces contre-mesures allaient être la "priorité absolue" pour organiser des JO "sûrs".

La question épineuse de la présence ou non de spectateurs, et d'une éventuelle jauge maximale, doit être tranchée au printemps.