Série d'attaques à Kaboul, 41 morts depuis lundi

Les agents de sécurité afghanes inspectent le site de l'attaque suicide à Kaboul, en Afghanistan, le mardi 6 septembre 2016. (AP Photo / Rahmat Gul)

Trois attentats successifs, dont un assaut de plusieurs heures contre une ONG internationale, ont secoué la capitale afghane Kaboul depuis lundi, tuant au moins 41 personnes selon un bilan revu à la hausse.

En l'espace de moins de douze heures, les habitants de Kaboul ont subi deux attentats à la bombe près du ministère de la Défense, puis l'attaque en pleine nuit par des hommes armés de bâtiments abritant l'association humanitaire CARE International dans un quartier aisé du centre de Kaboul.

"Quarante-et-une personnes ont été tuées et 110 autres blessées dans les attaques d'hier (lundi) près du ministère de la Défense", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Santé, Waheed Majroh.

Un précédent bilan de la double attaque faisait état de 24 morts et de près d'une centaine de blessés. Selon les autorités, la première bombe avait été actionnée à distance et la deuxième par un kamikaze.

Un porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, a indiqué sur Twitter que la première bombe avait visé le ministère de la Défense et la seconde la police.

Les deux déflagrations ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle, visant vraisemblablement à faire un maximum de victimes parmi les fonctionnaires qui quittaient alors le ministère pour rentrer chez eux.

Une troisième attaque a visé dans la nuit de lundi à mardi les locaux abritant l'association humanitaire CARE International dans un quartier aisé du centre de Kaboul.

Elle a débuté dans la nuit par l'explosion d'une voiture piégée, suivie de tirs épars et s'est soldée par six blessés et la mort des trois assaillants lors de l'intervention de commandos afghans mardi matin. Elle n'a pas été revendiquée.

"Quarante-deux personnes dont dix étrangers ont été sauvés", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sediq Sediqqi.

CARE International a confirmé de son côté que son personnel était sain et sauf mais que ses locaux avaient été endommagés.

Ce dernier attentat "visait délibérément des civils et constitue un crime de guerre", a accusé l'organisation Amnesty International dans un communiqué.

Ces attaques, les dernières d'une longue série, interviennent alors que les talibans renforcent leur offensive contre le gouvernement pro-occidental.

- Crise cardiaque –

Parmi les morts de lundi figurent plusieurs hauts responsables, ainsi qu'un jeune officier dont la mère est décédée d'un arrêt cardiaque lorsqu'elle a appris la nouvelle.

"La mère du colonel Ahmed a eu une crise cardiaque lorsqu'elle a appris la mort de son fils", a annoncé l'ex-ministre adjoint de l'Intérieur Ayub Salangi sur Twitter. "Elle avait perdu deux autres fils avant lui".

Le président afghan Ashraf Ghani a accusé les insurgés de s'en prendre aveuglément aux "gens ordinaires".

"Les ennemis de l'Afghanistan sont en train de perdre la bataille de terrain contre les forces de sécurité", a-t-il assuré dans un communiqué. "C'est pour cela qu'ils attaquent des autoroutes, des villes, des mosquées, des écoles et des gens ordinaires".

La dernière attaque d'ampleur à Kaboul remontait au 25 août: un assaut de plus de dix heures contre l'Université américaine d'Afghanistan avait fait 16 morts. Deux professeurs de cette même université, un Australien et un Américain, ont par ailleurs été kidnappés par des inconnus.

Cette flambée de violences dans la capitale fait écho à l'intensification de l'offensive talibane dans le pays, où la situation sécuritaire s'est nettement détériorée depuis la fin des opérations de combat de l'Otan fin 2014.

L'armée afghane, soutenue par des forces américaines, est actuellement aux prises avec les talibans dans la province méridionale du Helmand, où elle essaie de protéger la capitale Lashkar Gah.

Les insurgés ont également resserré leur emprise sur la ville septentrionale de Kunduz, qu'ils avaient brièvement occupée à la fin de l'année dernière, soit leur principal fait d'arme depuis l'invasion américaine de 2001.

Le commandement de l'Otan affirme que ni Kunduz ni Lashkar Gah ne risquent de tomber aux mains des rebelles.

Avec AFP