Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest au Cameroun, les jeunes filles sont devenues des victimes collatérales du conflit entre l'armée et les séparatistes.
"Etant à la maison, la jeune fille n'est pas en sécurité, il y a des combattants qui les attaquent", rapporte Mbuh Dina Bell, coordonnatrice SOS viol du Réseau national des tantines (Renata), une association qui encadre et soutient les adolescents contre toutes formes de violences.
"Certaines jeunes filles sont enlevées et d’autres sont victimes de violences de la part des jeunes garçons qui les convoitaient", explique-t-elle. "Quelques-unes ayant quitté le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont devenues malgré elles des personnels de ménage, des prostituées à leur jeune âge pour s’en sortir parce qu'elles ne savent pas où aller", ajoute-t-elle.
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A cause de la guerre que le Cameroun mène contre Boko Haram dans l’Extrême-nord, la situation de la jeune fille dans cette région n'est pas reluisante.
"Les jeunes filles sont les plus enrôlées dans cette guerre à l’Extrême-nord, même si elles sont dans des camps des réfugiés ou de déplacés, elles sont aussi davantage exposées au viol, au mariage précoce, au non accès à l’éducation sexuelle", s’inquiète Haigo Manga, coordonnatrice des programmes de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF).
Ces deux conflits ont en plus provoqué des conséquences sur l’éducation de nombreuses jeunes filles.
"La scolarisation des jeunes filles est interrompue. Dans les villes où les familles fuyant les conflits s’installent, il n’y a pas assez de structures spécialisées pour leur prise en charge et leur réintégration, du coup les jeunes filles sont exposées à l’échec scolaire, à une sexualité précoce, elles ont des grossesses non désirées qui ont l’impact sur leur santé, leur psychologie et leur éducation", détaille Haigo Manga.
Au-delà des zones en conflit, d’autres phénomènes comme le viol, l’inceste, le massage des seins à la pierre menacent le vécu quotidien des jeunes filles camerounaises. Des associations locales organisent de nombreuses campagnes pour les dénoncer.
"Il y a des jeunes filles-mères qui ont témoigné au Renata que leur maman avaient massé leurs seins à la pierre chauffante, à la suite de cela ces filles ont fui le domicile familial, plus tard elles ont été violées, d’autres ont même contracté le cancer du sein", confie Mbuh Dina Bell.
Au sujet du viol ou de l’inceste, la loi en vigueur depuis juillet 2016 condamne par exemple les parents violeurs à 20 ans d’emprisonnement.
"Avec l’appui de l’Unicef, nous avons élaboré il y a deux ans un manuel de procédures opérationnelles standard pour la prévention, le signalement, la prise en charge et la réinsertion des enfants victimes de violences", soutient Jean Pierre Edjoa, Directeur de la protection sociale de l’enfance au ministère des affaires sociales.
Selon de récentes statistiques publiées par Renata, 24% des jeunes filles camerounaises sont tombées enceintes à la suite d'un viol, 18% ont contracté une infection sexuellement transmissible voire le VIH à l’occasion. Et seulement 5% des violeurs, soit 1 violeur sur 20, ont été condamnés par la justice.
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