La condamnation de Karim Benzema mercredi dans "l'affaire de la sextape" ne devrait pas compromettre l'avenir international du buteur français, pièce-maîtresse des Bleus version 2021 que le sélectionneur Didier Deschamps et la Fédération cajolent à un an de la Coupe du monde.
L'attaquant star du Real Madrid a été reconnu coupable mercredi de complicité de tentative de chantage contre son ancien coéquipier en sélection Mathieu Valbuena et condamné à un an de prison avec sursis et 75.000 euros d'amende. Avant même de connaître le jugement, dont ses avocats ont annoncé faire appel, il se savait pourtant à l'abri de toute mise à l'écart sportive.
Quoi qu'il arrive, "Benzema ne sera pas exclu par rapport à une éventuelle sanction judiciaire", avait prévenu le président de la Fédération française de football Noël Le Graët le 10 novembre dans le quotidien Le Parisien. "Même s'il écope d'une peine de prison avec sursis, il lui reste la possibilité de faire appel d'une condamnation. Donc sa convocation, ou pas, dans les mois prochains ne sera pas liée à ce jugement".
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En renvoyant la balle à Didier Deschamps, seul à même de "considérer si, sportivement, il est apte à jouer avec les Bleus", Noël Le Graët a usé d'une formule diplomatique pour laisser la main au sélectionneur de l'équipe de France, dont il connaît la position.
Soucieux de ne "pas anticiper la décision" du tribunal, le patron des champions du monde français avait toutefois indiqué début octobre que seuls les "choix sportifs" lui servaient de boussole. Difficile dès lors de l'imaginer se priver du buteur prolifique, en lice pour le prestigieux Ballon d'Or remis lundi prochain.
9 buts en 13 matches
Car sur les terrains, Benzema a transformé son retour surprise chez les Bleus en véritable réussite, malgré un Euro raté l'été dernier sur le plan collectif. Humble et travailleur, discret et efficace, l'avant-centre de bientôt 34 ans (il les aura le 19 décembre) s'est mis au diapason de la sélection.
Surtout, il a mis en pratique ce qui constitue sa marque de fabrique à Madrid: empiler les buts. Il en a marqué neuf en 13 rencontres disputées en Bleu, dont cinq sur les quatre derniers, aidant grandement l'équipe de France à remporter la Ligue des nations en octobre, puis à se qualifier le mois suivant pour le Mondial-2022.
"On est tous d'accord sur le fait que son retour a été marqué de ses performances et ses statistiques. Ce qu'il réalise, c'est remarquable. Il a envie de continuer son aventure en Bleu, une Coupe du monde c'est un moment particulier", a pointé son capitaine Hugo Lloris lors du dernier rassemblement.
Pas retenu en 2010, le meilleur buteur français de l'édition 2014 au Brésil (trois buts) veut disputer une deuxième Coupe du monde, au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022, avec le maillot des champions du monde en titre sur le dos.
Du haut de ses 94 sélections (36 buts), le buteur né à Lyon pourrait même d'ici-là entrer dans le cercle fermé des "centenaires" sous le maillot tricolore, comme Didier Deschamps ou Zinédine Zidane, marquant un peu plus l'histoire d'une sélection avec laquelle il entretient une relation contrariée.
"Plus sélectionnable", "pas suspendu"
"L'affaire de la sextape" l'a en effet tenu éloigné des Bleus pendant plus de cinq ans et demi, avec pour élément déclencheur sa mise en examen pour "complicité de tentative de chantage" contre Mathieu Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs".
"Karim Benzema n'est plus sélectionnable jusqu'à ce que la situation évolue, jusqu'à ce qu'il y ait du nouveau dans ce dossier", avait annoncé Le Graët en décembre 2015. Quatre mois plus tard, l'ancien de l'OL était privé d'Euro-2016 par la FFF au nom de "l'exemplarité" et de "la préservation du groupe".
L'attaquant avait certes creusé le fossé en affirmant que Deschamps avait "cédé à une partie raciste de la France". Mais le sélectionneur, toujours prudent dans sa communication, n'avait jamais exprimé d'avis définitif.
Les prises de parole de Le Graët, en revanche, ont pu entretenir un certain flou.
"Benzema est sélectionnable, il n'est pas suspendu. Si Didier (Deschamps) veut le prendre, quand il veut, il le peut", avait-il insisté en février 2017, regrettant une justice "un peu lente dans ce dossier". Mais en novembre 2019, la porte s'était refermée. "L'aventure en bleu est terminée".
Deux ans après, cette formule a pris un coup de vieux.