"Shutdown": deux votes attendus au Sénat, mais pas d'issue en vue

Des employés du gouvernement affectés le “shutdown”, observant une marche de protestation silencieuse à Capitol Hill à Washington, le 23 janvier 2019. (AP Photo / Andrew Harnik)

Républicains et démocrates votent jeudi au Sénat américain sur deux textes concurrents pour tenter de sortir du "shutdown" le plus long de l'histoire, sans que ni Donald Trump, ni l'opposition ne semblent prêts à céder.

Au coeur de l'impasse budgétaire paralysant une partie des administrations fédérales depuis plus d'un mois s'élève le mur que veut Donald Trump à la frontière avec le Mexique. Il réclame pour l'ériger plus de cinq milliards de dollars.

Les démocrates, vent debout contre cette initiative, refusent de signer un compromis budgétaire sur cette base.

Faute d'accord, les budgets de certaines administrations sont asséchés depuis le 22 décembre. Quelque 800.000 employés fédéraux soit au chômage forcé, soit à travailler sans solde si leurs emplois sont jugés essentiels.

Jeudi, vers 14H30 (19H30 GMT), les sénateurs voteront sur deux amendements concurrents.

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La proposition républicaine assure un financement du gouvernement jusqu'en septembre, et intègre l'enveloppe pour le mur, ainsi qu'une concession accordée samedi par M. Trump: un sursis de trois ans pour un million d'immigrants directement menacés d'expulsion.

Le texte démocrate ne contient pas de budget pour le mur. Il propose la réouverture des administrations jusqu'au 8 février, et promet de relancer le débat sur la sécurité aux frontières une fois le "shutdown" levé.

"Monsieur le président, arrêtez de tenir les fonctionnaires en otages et débloquez le gouvernement", a tweeté mercredi le chef de la minorité démocrate du Sénat, Chuck Schumer.

Pour être approuvés, ces amendements doivent obtenir 60 voix au Sénat, où les républicains détiennent 53 des 100 sièges. En l'état, il semble probable qu'aucun des deux groupes ne parviendra à rallier assez de voies dissidentes.

Tout texte devrait ensuite franchir la Chambre des représentants, désormais aux mains des démocrates.

Signe qu'aucune issue ne semble immédiate, les chefs démocrates de la chambre basse ont annoncé mercredi soir ne pas attendre de vote vendredi. Si un accord apparaissait au Sénat, les élus de la Chambre recevraient un préavis de 24 heures pour venir voter.

- "Otage affamée" -

Les deux camps se rejettent la responsabilité du blocage budgétaire, qui affecte durement fonctionnaires et sous-traitants dont les emplois dépendent directement du gouvernement. Ces derniers, nombreux, ne seront pas payés rétroactivement, à la différence des employés fédéraux.

"Cela fait cinq semaines maintenant que je n'ai pas travaillé, à part un ou deux jours", a confié à l'AFP Claudia Martinez, employée d'une société sous-traitante à la cafétéria de la Chambre des représentants.

"Jusqu'ici, nous avons puisé dans nos économies, mais ce mois-ci va être très difficile", a ajouté cette mère de famille de 43 ans.

Elle participait mercredi à un rassemblement dans un bâtiment annexe du Congrès, avec quelque 500 manifestants.

"Otage affamée", pouvait-on lire sur le bandeau d'une manifestante, tandis que de nombreux participants brandissaient des assiettes marquées des mots "Laissez-moi travailler".

L'aumônier du Sénat, Barry Black, a fait référence à leur situation mercredi lors d'une prière: "Alors que certains membres de notre Armée cherchent à se sustenter dans des soupes populaires, et s'apprêtent à rater un second salaire, il faut que quelqu'un cède".

La bataille entre Donald Trump et les démocrates avait mercredi des allures de guerre des nerfs teintée d'absurde.

Le président américain a concédé qu'il ne prononcerait pas mardi prochain devant le Congrès le traditionnel discours sur l'état de l'Union pour présenter son programme.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui lui avait lancé l'invitation de coutume début janvier, lui a ensuite demandé de reporter son intervention, affirmant qu'il serait trop difficile d'assurer la sécurité à cause du "shutdown".

"Nancy Pelosi a annulé le discours sur l'état de l'Union parce qu'elle ne veut pas entendre la vérité, elle ne veut pas que les Américains entendent ce qui se passe", a déclaré Donald Trump à des journalistes.

La Maison Blanche "envisage des alternatives", a-t-il ajouté sans autre précision.

Avec AFP