"Shutdown": fonctionnaires américains en difficulté, politiques dans l'impasse

Un bénévole distribue des repas gratuits aux travailleurs de l’administration fédérales, affectés par le shutdown à Washington, le mercredi 16 janvier 2019. (AP Photo / Pablo Martinez Monsivais)

Près de quatre semaines de fermeture partielle des administrations fédérales aux États-Unis, et toujours l'impasse politique: le "shutdown", catastrophe pour les finances de nombreux fonctionnaires non payés, semble loin de se résoudre.

Le président Donald Trump réclame que soit inscrit dans le budget fédéral 5,7 milliards de dollars pour financer un mur à la frontière avec le Mexique pour lutter contre l'immigration illégale, ce que l'opposition démocrate refuse catégoriquement.

Ce différend contraint depuis plus de trois semaines quelque 800.000 employés fédéraux au chômage forcé, ou à travailler sans solde pour ceux dont les emplois sont jugés essentiels.

Mercredi, le président et ses opposants démocrates ont continué à s'accuser mutuellement d'être responsables du blocage.

"Il est de plus en plus évident que les démocrates radicaux sont le parti des frontières ouvertes et de la criminalité. Ils ne veulent pas entendre parler de la crise humanitaire majeure à notre frontière sud", a tweeté le milliardaire républicain.

"Le président a dit qu'il ne rouvrirait pas le gouvernement, il garde sa position et ne changera pas d'avis", a rétorqué Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat.

- Trump "s'attaque aux petits" -

La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a demandé à Donald Trump de repousser son discours sur l'état de l'Union, prévu le 29 janvier au Congrès pour présenter son programme annuel, "compte tenu des inquiétudes concernant la sécurité". Les agents du Secret Service, chargé de la sécurité des personnalités comme le président, font en effet partie des employés fédéraux réquisitionnés.

La ministre de la Sécurité intérieure Kirjsten Nielsen a assuré que son ministère et le Secret Service étaient "tout à fait préparés à soutenir et à assurer la sécurité" du discours présidentiel.

Mais les fonctionnaires affectés par le "shutdown" doivent continuer à payer leurs factures et à rembourser leurs prêts. Des initiatives solidaires se multiplient pour leur venir en aide.

Le célèbre chef américano-espagnol Jose Andres, très critique de M. Trump, a ouvert mercredi une "cuisine" non loin de la Maison Blanche et du Congrès pour nourrir "tous les employés dans le besoin et leurs familles". Cette opération "ChefsforFeds" doit durer jusqu'à la réouverture des administrations.

Une longue file s'est formée dès l'ouverture devant le petit restaurant qui sert sandwiches, salades et soupes à consommer sur place ou à emporter.

L'initiative "est très généreuse et elle attire l'attention sur les gens qui sont laissés dans le besoin par de nombreux membres de l'administration et parlementaires égoïstes. Ils devraient se réveiller et voir combien leurs actes affectent les gens", a expliqué à l'AFP Lewis Schlitt, réquisitionné par son employeur, la Galerie d'arts nationale.

Des fonctionnaires se tournent aussi vers les banques alimentaires. "Environ une personne sur trois disait être un employé fédéral en congé" lors de la distribution organisée mardi par Bread for the City, a indiqué à l'AFP George Jones, son responsable. "Ce sont des gens qui ne viendraient pas normalement chez nous".

La situation est encore plus dramatique pour les salariés de sous-traitants des établissements publics. Au contraire des employés fédéraux, ils ne recevront aucune compensation quand les administrations rouvriront.

"Je vais bientôt perdre ma voiture car je suis en retard (sur les remboursements), je vais bientôt perdre mon assurance santé, mon assurance auto et mon permis de conduire car j'ai un échéancier avec le Département des véhicules à moteur (DMV) et si je manque un versement, je perds mon permis", a affirmé à l'AFP Yvette Hicks, 40 ans et qui travaille pour l'institution culturelle Smithsonian.

Bonita Williams, 56 ans et un temps partiel au Département d'État, a dénoncé le président Trump qui "s'attaque aux petits, aux pauvres, ceux qui luttent chaque jour, qui ont des fins de mois difficiles, qui vivent grâce au bons alimentaires".

- Impact sur la croissance -

Face aux dettes qui s'accumulent, les grandes banques ont mis en place des facilités de paiement sous la forme de prêts sans intérêt ou de crédits à la consommation aux intérêts très faibles. Les fournisseurs d'accès à internet et compagnies de téléphonie mobile ont également annoncé des facilités de paiement.

En Virginie et dans le Maryland, plusieurs foires à l'emploi sont organisées cette semaine pour ceux voulant un travail rémunéré pendant le "shutdown".

Le blocage a aussi un coût pour l'économie américaine. Selon le New York Times, le gouvernement a estimé qu'il ferait perdre en janvier 0,5 point de pourcentage de croissance trimestrielle, deux fois plus qu'une estimation précédente.

Pour illustrer des conséquences parfois inattendues, une brasserie de la capitale, Atlas Brew Works, a porté plainte mardi contre le ministre de la Justice par intérim, soulignant qu'elle ne pouvait pas distribuer sa bière en raison du chômage technique à l'administration des tabacs et alcools (TTB).

Avec AFP