"Elle est comptable des crimes commis par son mari (actuellement jugé à la CPI). Ma mère, mon frère et mes deux nièces ont été tués, fauchés par un obus à Abobo", un quartier favorable à l'actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, a affirmé à la barre Nabitou Dosso, commerçante.
La crise postélectorale de 2010-2011 a fait plus de 3.000 morts en cinq mois dans le pays après le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
"Elle (Mme Gbagbo) détenait le pouvoir d'Etat (...) elle a donc donné des instructions dans ce sens", a poursuivi le témoin à charge.
Mme Gbagbo est notamment accusée d'avoir été impliquée dans la répression sanglante du quartier Abobo et de tirs d'obus sur le marché de ce quartier. Selon l'accusation, Mme Gbagbo faisait partie d'une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques, à travers des milices et des forces armées proche du régime.
Karim Coulibaly, marié et père de six enfants se présente ensuite à la barre appuyé sur des béquilles, la jambe droite atrophiée.
"Des militaires ont tiré à bout portant sur moi, j'ai été atteint à la jambe" affirme-t-il, assurant avoir eu "la vie sauve grâce son talisman, une bague qui me rendait invulnérable".
"Quel rapport avec l'accusée ici présente?" lui demande le juge. "Si elle avait encouragé son mari à quitter le pouvoir, je n'aurais pas subi tout ce préjudice, je suis handicapé à vie", répond-il.
La cour d'assises d'Abidjan juge depuis le 31 mai Mme Gbagbo pour crimes contre l'humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Elle comparaît alors qu'elle purge déjà une première peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", prononcée l'an dernier.
Avec AFP