Libération de six journalistes/blogueurs avant la visite d’Obama en Ethiopie

La libération de six journalistes et blogueurs a été faite à la surprise de leurs avocats et des défenseurs des droits de l’homme qui exigent la libération de six autres de collègues de journalistes encore en détention.

Le gouvernement devrait manifester qu'il s'agit juste d'une première étape avant la libération de tous les prisonniers politiques et l'ouverture d'un espace de liberté pour que les Éthiopiens puissent exprimer leurs divergences sur divers sujets", a réagi à l’AFP, Leslie Lefkow, directrice adjointe pour l'Afrique de Human Rights Watch.

Tom Rhodes, représentant pour l'Afrique de l'Est du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), estime pour sa part que l’annonce de la libération de ces journalistes et bloguers "est un développement bienvenu en Ethiopie, où le nombre de journalistes emprisonnés a constamment augmenté ces dernières années".

"Nous appelons les autorités à libérer les autres blogueurs de Zone9 ainsi que tous les journalistes emprisonnés pour avoir fait leur travail, et d'abandonner toutes les poursuites contre eux", a affirmé Rhodes.

Les autorités éthiopienne ont aussi abandonné les poursuite contre les six libérés.

Cinq d'entre eux, arrêtés il y a un an, ont été relâchés mercredi: les journalistes Asmamaw Hailegiorgis, Edom Kassaye et Tesfalem Waldyes, ainsi que les blogueurs Mahlet Fantahun et Zelalem Kibret, membres du blog Zone9, qui décrit l'actualité politique et sociale du pays sur un ton souvent critique.

Le sixième, le journaliste Reeyot Alemu, emprisonné depuis juin 2011, a été relâché jeudi, selon ses proches.

Quatre membres de Zone9 restent en prison et leur procès doit reprendre le 20 juillet. Un cinquième, qui avait été inculpé mais avait réussi à prendre la fuite, reste aussi poursuivi.

"Pour nous, il n'y a pas de différence entre les cinq relâchés et les quatre toujours en prison. Pour eux, l'affaire continue", a déclaré leur avocat.

Selon le CPJ, au moins 12 autres journalistes sont encore derrière les barreaux en Ethiopie, accusés d'activités terroristes. L'Ethiopie est, après son très répressif voisin érythréen, le pays d'Afrique qui compte le plus de journalistes en prison.

Barack Obama est attendu en Ethiopie à la fin du mois, dans le cadre d'une tournée africaine qui l'emmènera aussi au Kenya, pays natal de son père. En Ethiopie, le président américain devrait rencontrer le Premier ministre Hailemariam Desalegn et prononcer un discours au siège de l'Union africaine, situé à Addis.

Nombre de journalistes ou blogueurs ont été inculpés et condamnés au titre de la loi antiterroriste éthiopienne. Des organisations de défense des droits de l'Homme comme HRW accusent régulièrement le régime éthiopien de se servir de cette législations pour étouffer la liberté d'expression.