Une soixantaine de morts dans une attaque à Quetta au Pakistan

policiers pakistanais devant un centre de formation de la police qui a été attaqué à Quetta, au Pakistan, le 25 octobre 2016.

Trois kamikazes lourdement armés ont fait irruption pendant la nuit dans une académie de police de Quetta, semant la terreur. Un bilan provisoire fait état de 61 morts et 118 blessés

Il s'agit de l'une des attaques les plus meurtrières cette année au Pakistan après celles de Lahore le 25 mars (75 morts) et de l'hôpital de Quetta le 8 août (73 morts).

La plupart des victimes sont de jeunes recrues de l'académie qui ont été surprises en pleine nuit dans leurs casernes. Quelque 118 personnes ont également été blessées, certaines parce qu'elles avaient tenté de s'enfuir en sautant par les fenêtres.

Selon l'armée, les assaillants ont pénétré avant minuit dans le Collège de police situé à une vingtaine de kilomètres à l'est de Quetta, la capitale de la province du Baloutchistan. Les vastes locaux abritaient des centaines de recrues de la police, dont beaucoup ont fui, terrifiées, pendant l'assaut.

"Il était environ 22H30 (17H30 GMT), nous étions assis en train de jouer aux cartes. Nous avons soudainement entendu des tirs et nous nous sommes cachés sous les lits. Les tirs étaient intenses et nous ne savions pas quoi faire", a raconté Arslan, une recrue blessée soignée à l'hôpital.

"Ils entraient dans une chambre et tiraient, puis passaient à la suivante. Ils frappaient aussi à la porte de celles qui étaient fermées en disant aux cadets qu'ils étaient des leurs, de l'armée, et quand on leur ouvrait, ils tiraient", a témoigné un autre jeune homme blessé, Hikmatullah.

Une fois l'alerte donnée, les forces de sécurité se sont rapidement mobilisées et "il a été mis fin à l'attaque environ trois heures après notre arrivée", a déclaré le général Sher Afgan, commandant du Frontier Corps, un corps paramilitaire chargé de la contre-offensive. Deux des kamikazes se sont fait exploser sur place.

L'attentat a fait l'objet de deux revendications distinctes, la première des talibans pakistanais (TTP) et la seconde de l'organisation Etat Islamique (EI).

La faction locale de Karachi (sud) du TTP explique ainsi que l'attentat visait à "venger le meurtre à l'aveuglette de nos moudjahidines" par des membres des forces de l'ordre dans la province voisine du Pundjab.

L'EI a pour sa part affirmé, via son agence de propagande Amaq, que l'attaque avait été menée par "trois kamikazes de l'Etat Islamique".

Le général Sher Afgan a attribué l'attaque à une faction du groupe islamiste Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), allié des talibans pakistanais. Selon lui, les assaillants "communiquaient avec des cadres en Afghanistan".

-Le Baloutchistan, province instable-

Le chef d'état-major de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif, et d'autres gradés de rang élevé se sont rendus à Quetta pour assister à une cérémonie militaire en l'honneur des victimes.

Le Premier ministre Nawaz Sharif s'y est également rendu pour présider une réunion de haut niveau consacrée à la sécurité, ont annoncé ses services.

Le site sur lequel s'est déroulée l'attaque est resté fermé aux médias mardi mais une vidéo tournée avec un téléphone par un responsable de la sécurité montrait l'intérieur du bâtiment jonché de débris, avec les restes visibles d'un grand dortoir.

Le Baloutchistan, la plus vaste et la plus pauvre des provinces du Pakistan en dépit d'importantes ressources naturelles, est l'une des plus instables. Elle est régulièrement secouée par des violences islamistes, en proie à des conflits inter-communautaires ainsi qu'à une insurrection séparatiste.

Le sanglant attentat l'été dernier dans un hôpital de Quetta avait été revendiqué à la fois par une faction talibane, Jammat-ul-Ahrar (JuA), et par l'EI.

Le Baloutchistan est également considéré comme stratégique car il est appelé à abriter d'ambitieuses infrastructures routières et énergétiques devant relier la Chine à la mer d'Arabie; un "couloir" économique sino-pakistanais (CPEC) représentant 46 milliards de dollars d'investissements chinois.

Avec Afp