5 soldats tués dans deux explosions et un prêtre enlevé au Burkina Faso

Des éléments forces de sécurité burkinabè se tiennent près du corps d'un suspect jihadiste abattu à Ouagadougou, le 22 mai 2018.

A nouveau ciblé par les djihadistes, le Burkina Faso a été endeuillé au cours du week-end par la mort de cinq membres des forces de sécurité dans deux explosions à Kompienga, dans l'est du pays, et est sans nouvelles d'un prêtre burkinabè enlevé dimanche près de Djibo dans le nord.

D'abord concentrées dans le nord du pays, elles ont ensuite visé la capitale et d'autres régions, notamment l'Est. Ces attaques ont fait depuis 2015 plus de 300 morts, selon un comptage de l'AFP.

Dimanche soir, "un véhicule militaire du CGA (Groupement central des armées), a sauté (sur une mine artisanale) dimanche soir dans la zone de Kompienga, tuant trois soldats", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire.

Une autre source sécuritaire, jointe à Ouagadougou, a confirmé cette attaque, précisant que "la veille (samedi), un autre véhicule avait aussi sauté sur un engin explosif improvisé lors d'un ratissage".

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"Un gendarme et un militaire ont perdu la vie" lors de cette attaque, a indiqué cet officier, rappelant que "depuis début mars, l'armée mène une opération de sécurisation dans les régions de l'est et du centre".

Baptisée Otapuanu (coup de foudre, en langue gulmacéma, parlée dans la région de l'Est), cette opération toujours en cours a conduit à "des neutralisations de terroristes et à la destruction de cachettes dans les forêts de la région", a indiqué la même source.

- un prêtre enlevé -

Dans le nord du pays, un prêtre burkinabè a été enlevé dimanche près de Djibo.

"L'abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, parti à Bottogui, hier dimanche 17 mars 2019, pour la messe, n'est pas rentré à Djibo jusqu'à cette heure. L'alerte a été donnée dès hier (dimanche) vers 20h30 (locales et GMT) mais nous restons sans nouvelles", a annoncé lundi l'évêque de Dori, Mgr Laurent Dabiré, dans un communiqué.

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"Il a vraisemblablement été enlevé par des individus armés aux environs de Sergosoma, vers 15H00, selon les témoignages des habitants", a indiqué une source sécuritaire jointe par l'AFP.

"Des opérations de ratissage ont été menées" dès l'alerte mais "aucune trace de lui ou de son véhicule" n'ont été retrouvées.

Mi-février, un prêtre espagnol et quatre douaniers avaient été tués dans une attaque djihadiste dans l'est du Burkina, alors qu'au Niger voisin un missionnaire italien a été enlevé dans le Tillaberi en septembre 2018.

Deux enseignants, enlevés début mars sur l'axe Kongoussi-Djibo au Burkina, sont toujours portés disparus.

- Etat d'urgence -

Depuis le 1er janvier, l'état d'urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit.

Le 24 février, l'armée burkinabè a assuré avoir tué une trentaine de "terroristes" lors d'une "opération terrestre et aérienne" contre des groupes djihadistes dans la région de l'est du pays.

Début février, en riposte à une attaque qui avait tué 14 civils dans le nord, l'armée avait mené des raids terrestres et aériens dans trois provinces du nord, au cours desquels elle a affirmé avoir tué 146 djihadistes.

Mais selon le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et du peuple, au moins 60 civils ont été exécutés sommairement en février par l'armée lors de ces opérations antiterroristes.

Le Burkina Faso, pays sahélien pauvre, est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes djihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS).