Somalie: au moins 30 morts dans des explosions à Baidoa

Somalie : Baidoa

"Le chiffre officiel est de 30 morts, tous des civils, et 61 autres ont été blessés, dont 15 grièvement", a indiqué à l'AFP Abdurashid Abdulahi, gouverneur de la province de Bay.

Au moins 30 personnes ont été tuées et une soixantaine blessées dans un double attentat à la bombe dimanche après-midi à Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie, revendiqué par les militants islamistes shebab, a-t-on appris lundi auprès du gouverneur de la région.

"Le chiffre officiel est de 30 morts, tous des civils, et 61 autres ont été blessés, dont 15 grièvement", a indiqué à l'AFP Abdurashid Abdulahi, gouverneur de la province de Bay.

Une voiture piégée a explosé devant un restaurant populaire d'un quartier fréquenté de la capitale régionale, située à environ 200 km au nord-ouest de Mogadiscio. Puis un kamikaze s'est fait exploser au milieu des gens qui fuyaient la scène du premier attentat.

"L'explosion a eu lieu dans une zone densément peuplée", a expliqué un officier de police, Abdirahman Ibrahim. Un autre policier, Abdi Hared, a précisé qu'il y avait eu deux explosions, l'une d'une voiture piégée, l'autre d'un kamikaze.

Les explosions, d'une violence extrême, ont détruit les toits des immeubles avoisinants, pulvérisé les voitures alentours, et dispersé des corps, des tables et des chaises dans toute la rue.

Ce double attentat a été revendiqué par les shebab, affiliés à Al-Qaïda. "Les moudjahidines ont mené à bien deux grosses explosions à Baidoa, visant des restaurants où étaient réunis des membres de l'administration apostate du sud-ouest, plusieurs soldats et officiels ont été tués", ont-ils indiqué dans un communiqué.

L'administration régionale de Baidoa est protégée par les troupes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), forte de 22.000 hommes, et qui soutient le fragile gouvernement somalien.

C'est le deuxième attentat en 48 heures mené par les shebab. Vendredi soir, ils avaient attaqué un hôtel et un jardin public de Mogadiscio, faisant au moins 14 morts.

Les militants islamistes avaient fait exploser deux véhicules, avant d'essayer de faire entrer - sans succès - un commando armé à l'intérieur de l'hôtel, situé à proximité de l'enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du Premier ministre.

Le chef de l'Amisom, Francisco Caetano Madeira, a condamné l'attaque de Baidoa. "Je suis attristé par la perte de vies innocentes dans des actes de terreur perpétrés par des individus sans pitié, qui n'ont aucune considération pour la vie humaine", a-t-il dit.

Confrontés à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, déployée en 2007 en Somalie, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011.

Ils ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale.

Ces derniers mois, ils ont revendiqué des opérations spectaculaires, tant à Mogadiscio que contre des bases de l'Amisom.

Courant janvier, ils ont entièrement détruit une base du contingent kényan de l'Amisom à El-Adde, dans le sud de la Somalie, troisième attaque en quelques mois contre des bases de l'Amisom, au cours desquelles les shebab auraient fait main basse sur de l'armement et des munitions.

Dimanche, les dirigeants des pays contributeurs à l'Amisom - Ouganda, Burundi, Djibouti, Kenya et Ethiopie - étaient réunis en sommet à Djibouti, pour discuter de l'annonce par l'Union européenne qu'elle entend réduire de 20% sa contribution au financement de la force.

Le président kényan Uhuru Kenyatta s'est dit déçu par cette décision et a estimé que l'Amisom avait au contraire besoin de plus de soutien international pour en finir avec les shebab.

"Alors que le continent paye par le sang et dans sa chair la facture de la stabilisation de la Somalie, il est décourageant de voir que la communauté internationale envisage de réduire son soutien à l'Amisom", a-t-il déclaré.

AFP