Les deux dirigeants ont affiché une unité rare en annonçant jeudi soir dans un communiqué commun que, "compte tenu des retards qui affectent le calendrier électoral", ils ont "convenu d'accélérer le processus électoral, en appelant les États membres fédéraux à commencer l'élection (de la Chambre basse) du Parlement dans les deux prochaines semaines".
Le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble se livraient depuis septembre à une dangereuse escalade, faisant craindre une nouvelle crise dans ce pays rongé par une impasse électorale récurrente et une insurrection jihadiste.
Les récentes tensions entre les deux hommes se cristallisaient autour de limogeages et nominations au sein de l'appareil sécuritaire, après une enquête controversée de l'Agence des services de renseignements et de sécurité (Nisa) sur la disparition d'une de ses agentes, nommée Ikran Tahlil.
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Le 5 septembre, Mohamed Roble avait limogé le chef de la Nisa, Fahad Yasin, intime de Farmajo, jugeant "pas convaincante" l'enquête sur la disparition d'Ikran Tahlil, dont les conclusions mettent en cause les islamistes shebab.
Le chef de l'Etat avait annulé cette décision, puis nommé un remplaçant de son choix après avoir promu Fahad Yasin conseiller à la sécurité nationale.
Les deux hommes avaient poursuivi durant plusieurs semaines leur bras de fer, qui avait culminé avec l'annonce par le chef de l'Etat le 16 septembre qu'il suspendait les pouvoirs exécutifs du Premier ministre, décision rejetée par ce dernier.
Jeudi, ils ont déclaré qu'ils cesseraient de s'opposer sur les nominations et qu'ils soutiendraient une enquête judiciaire sur la disparition d'Ikran Tahlil, dont la famille accuse la Nisa de l'avoir assassinée.
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"Le conflit est terminé"
"Le conflit est terminé et la paix prévaudra pour que le pays se rende aux élections", s'est félicité jeudi soir le président de l'État du Sud-Ouest, Abdiasiz Hassan Mohamed Laftagaren, qui a assuré la médiation entre les deux hommes.
Cette énième crise au sommet du pouvoir menaçait le fragile processus électoral qui doit déboucher sur la désignation d'un nouveau chef de l'Etat.
Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février sans avoir pu s'entendre avec les dirigeants régionaux sur l'organisation d'élections, déclenchant une grave crise constitutionnelle.
L'annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.
Dans un geste d'apaisement, Farmajo avait chargé M. Roble, son Premier ministre depuis 2020, d'organiser les élections. Ce dernier était parvenu à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon une élection du président le 10 octobre.
Mais ce processus a pris du retard.
La désignation des membres de la chambre basse, dernière étape avant l'élection du chef de l'Etat dans le complexe système électoral indirect somalien, devait désormais se tenir entre le 1er octobre et le 25 novembre. Le vote n'a toutefois toujours pas commencé car les élections à la chambre haute ne sont pas encore terminées dans certains États.
Selon le système électoral somalien, les assemblées des cinq Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui à leur tour désignent le président.
De nombreux observateurs estiment que cette crise au sommet de l'Etat et l'impasse électorale détournent l'attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l'insurrection shebab qui secoue le pays depuis 2007.
Bien qu'évincés de Mogadiscio par la force de l'Union africaine (Amisom) en 2011, les shebab contrôlent de vastes zones rurales et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.