Sommet sino-africain : quelle place économique pour la Chine en Afrique ?

Xi Jinping au Zimbabwe (VOA).

Le président chinois rencontre vendredi ses homologues africains à Johannesburg, pour le sixième sommet sur la coopération sino-africaine. Au programme : l'avenir des investissements chinois sur le continent.

En 2015, la lune de miel entre l'Afrique et la Chine, son principal partenaire économique semble terminée. Les investissements du géant asiatique en Afrique ont chuté de 40 % au premier semestre et l'inquiétude grandit au sein d'un continent dépendant de ses exportations de matières premières.

C'est dans ce contexte inédit que le président chinois Xi Jinping rencontre, vendredi 4 décembre, ses homologues africains à Johannesburg, pour le sixième sommet sur la coopération sino-africaine (Focac).

Au programme des discussions : l'avenir des investissements chinois sur le continent après des années de relations économiques au beau fixe.

Depuis le début du siècle, la Chine a acheté le pétrole, le fer, le cuivre de nombreux pays africains, participant à la flambée des prix des matières premières.

Chute des cours

Mais aujourd'hui, le ralentissement de son économie produit l'effet inverse en contribuant à la chute des cours et menace ainsi des Etats devenus hyper-dépendants de leur partenaire chinois.

En Zambie par exemple, 60 % des revenus des exportations proviennent du cuivre, dont la Chine est un acheteur majeur. Avec le ralentissement de la demande et la chute des cours, la Zambie se retrouve dans une situation précaire : le géant du cuivre Glencore compte supprimer 3 800 emplois et la devise zambienne, le kwacha, a perdu 45 % de sa valeur face au dollar.

"Les prix du cuivre ont chuté donc nous devons trouver d'autres produits à exporter vers la Chine. Je suis sûre que la Chine a besoin d'autre chose que de cuivre", espère Margaret Mwanakatwe, ministre zambienne du Commerce, qui attend que le Focac "renforce les liens" entre son pays et la Chine.

Le président Xi Jinping arrive au Focac après une visite de deux jours au Zimbabwe où les projets chinois constituent toujours un des principaux piliers d'une économie malmenée ces quinze dernières années par les décisions du président Robert Mugabe.

Il devait également rencontrer mercredi Jacob Zuma en Afrique du Sud.

Malgré le récent repli, la Chine demeure le premier pays partenaire économique de l'Afrique, depuis 2009. Un tiers des projets chinois de construction à l'étranger sont réalisés en Afrique.

Mines contre infrastructures

Les volumes commerciaux entre la Chine et l'Afrique sont passés de 10 milliards de dollars en 2000 à 300 milliards en 2015 et on compte plus de 2 500 entreprises chinoises installées sur le continent.

En RD Congo, par exemple, les deux pays sont liés depuis 2008 par un accord "mines contre infrastructures".

Malgré les critiques du FMI et de la Banque Mondiale sur l'opacité de cet accord, la RDC a alloué d'énormes droits miniers à un consortium d'entreprises chinoises contre des prêts bonifiés et des promesses de réalisations d'infrastructures.

En Algérie, la Chine a détrôné la France depuis 2012, comme premier partenaire du pays en remportant quasiment tous les grands appels d'offres dans le BTP comme la construction de la Grande Mosquée d'Alger, la troisième plus grande au monde, ou encore l'agrandissement de l'aéroport de la capitale.

D'importants accords et de nouveaux prêts devraient ainsi être signés à l'occasion du Focac.

"La coopération sino-africaine est un à stade où elle a besoin d'être améliorée et transformée" a indiqué le ministre des Affaires étrangères chinois Zhang Ming qui estime que l'Afrique vit les "premières étapes de son industrialisation".

Engagement pas désintéressé

"La Chine et l'Afrique peuvent se compléter l'une l'autre en matière de développement", a-t-il ajouté depuis Pékin.

La Chine a par exemple récemment annoncé avoir débloqué un total de 117 millions de dollars d'aide pour les pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus Ebola et avoir envoyé du personnel médical par centaines pour lutter contre le virus.

"La Chine a toujours indiqué que son engagement économique en Afrique n'était pas désintéressé", souligne Yun Sun, chercheur chez Brookings, un think tank américain.

"Je pense que Xi va être très prudent car ses réserves de change ne sont pas illimitées", ajoute t-il, prédisant que les investissements de la Chine vers l'Afrique vont être "plus diversifiés".

En dépit du ralentissement de son économie, la Chine affiche toujours une croissance robuste autour de 7 % et pourrait profiter de nouvelles opportunités à l'heure où les géants miniers occidentaux comme Lonmin ou Glencore ferment certains sites sur le continent africain.

Les Chinois "ne vont pas abandonner leur but bien assumé d'être en pointe sur le continent", conclut Ryan Wibberley, spécialiste des marchés émergents chez Investec.

Avec AFP