La commission des Affaires étrangères du Sénat cherchait depuis un moment à entendre le chef de la diplomatie américaine pour un compte-rendu d'un autre sommet, celui, historique, du 12 juin à Singapour entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Leur demande s'est faite d'autant plus pressante après la rencontre du 16 juillet à Helsinki, et surtout la conférence de presse au cours de laquelle le milliardaire républicain, de l'avis d'une grande majorité d'élus de tous bords, s'est montré bien trop conciliant à l'égard du chef de l'Etat russe.
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"La conférence de presse d'Helsinki a été un triste moment pour notre pays", a résumé mardi le président de la commission sénatoriale, le républicain Bob Corker.
Ce devrait donc être le principal sujet de l'audition parlementaire, finalement fixée à 15 heures (19 heures GMT) ce mercredi.
"Je vais m'exprimer sur de nombreuses choses, y compris les relations entre les Etats-Unis et la Russie", a dit mardi Mike Pompeo, estimant que le sommet Trump-Poutine du 16 juillet, le premier entre les deux hommes, avait été "incroyablement important". "L'Histoire retiendra qu'il a bénéficié au reste du monde", a-t-il même vanté, alors que le président américain a invité son homologue russe pour une nouvelle rencontre à la Maison Blanche à l'automne prochain.
Le ministre des Affaires étrangères a déploré que la détermination "sans précédent" avec laquelle, selon lui, l'administration Trump "repousse le comportement malveillant de la Russie à travers le monde" ne soit pas davantage saluée à Washington.
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C'est peu dire que la classe politique américaine n'a pas été rassurée par la prestation présidentielle en Finlande, notamment au sujet de l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.
Les parlementaires démocrates mais aussi républicains ont d'abord reproché au locataire de la Maison Blanche d'avoir donné plus de poids aux dénégations du maître du Kremlin qu'aux rapports du renseignement américain qui attestent d'une telle immixtion dans la vie démocratique américaine. Donald Trump a dû revenir sur ses propos, assurant avoir été mal compris.
Elus et observateurs ont aussi épinglé le fait qu'il se soit montré incapable de critiquer la Russie en présence de son président.
Enfin, Moscou ayant évoqué des "accords" entre les deux dirigeants, le contenu de leur tête-à-tête de deux heures en présence des seuls interprètes fait l'objet de toutes les conjectures.
"Je n'ai RIEN lâché", a martelé lundi Donald Trump sur Twitter, tandis que le département d'Etat américain a évoqué seulement trois "propositions modestes": "un groupe de travail entre chefs d'entreprise", "un conseil d'experts" avec politologues, ex-diplomates et anciens responsables militaires, et enfin des discussions entre les conseillers à la sécurité nationale des deux présidents.
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Mais l'opposition démocrate a vivement attaqué Donald Trump, réclamant plus de transparence et allant jusqu'à tenter, en vain, d'interroger l'interprète du président devant le Congrès.
"Le peuple américain a le droit de savoir" ce "que le président peut avoir promis au président Poutine à Helsinki", clame le chef de file des démocrates au sein de la commission des Affaires étrangères, le sénateur Bob Menendez, qui travaille à une proposition de loi bipartisane pour renforcer les sanctions contre la Russie.
Egalement très critique, le républicain Corker a dit espérer que Mike Pompeo est bien au courant de ce qui s'est dit dans le huis clos finlandais. "Je serais déçu de découvrir qu'il ne l'est pas", a-t-il lâché.
Les sénateurs entendent aussi questionner le chef de la diplomatie sur l'avancée réelle des négociations avec la Corée du Nord, qui semblent patiner, sur les déclarations tonitruantes de Donald Trump contre l'Iran, et sur ses relations tendues avec les alliés de l'Otan ainsi que sur sa guerre commerciale controversée.
Avec AFP