Une souche de paludisme résistant au traitement standard progresse en Asie du Sud-Est

Un médecin examine un enfant contre le paludisme dans un hôpital d'Arusha, en Tanzanie, le 11 mai 2016.

Une forme de paludisme résistant au traitement standard est en passe de devenir majoritaire dans certaines régions du Mékong, ont annoncé jeudi des chercheurs, mettant en garde contre sa propagation à d'autres zones comme l'Inde ou l'Afrique.

Cette maladie due à des parasites transmis à l'homme par des piqûres d'insectes a touché 214 millions de personnes en 2015 et fait 438.000 morts, surtout en Afrique subsaharienne chez les jeunes enfants.

Le traitement standard est à l'heure actuelle l'artémisinine - mise au point dans les années 1970 par la chercheuse chinoise Tu Youyou - associée à d'autres traitements antipaludéens.

Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont suivi de près la propagation d'une souche de paludisme résistante à ce médicament clé, selon une étude publiée jeudi dans The Lancet Infectious Diseases.

Détectée pour la première fois dans l'ouest du Cambodge en 2007, cette forme de paludisme s'est depuis propagée dans le nord-est de la Thaïlande, le sud du Laos et l'est de la Birmanie.

"Ce qui se passe c'est qu'un type de parasites apparu dans l'ouest du Cambodge s'est débarrassé des autres et s'est propagé", a expliqué à l'AFP, Nicholas White de l'unité de recherche en médecine tropicale de l'université Mahidol à Bangkok qui a mené les recherches.

Pour les spécialistes des maladies tropicales, l'émergence de cette souche évoque un précédent historique inquiétant.

Deux vagues de malaria résistant aux traitements standards étaient apparues dans les années 1950/1960 en Asie du Sud-Est puis s'étaient répandues en Inde et en Afrique où elles ont fauché des millions de vie.

La première était une souche résistant à la chloroquine, première génération de molécule antipaludéenne, suivie d'une souche résistant à la génération suivante de médicament qui associait la sulphadoxine et la pyriméthamine.

"Il y a eu trop de discussions et pas assez de travail à ce sujet", a averti Nicholas White soulignant qu'"aujourd'hui, nous n'avons pas de malaria qui ne puisse être traitée mais cela devient de plus en plus difficile à traiter".

Pour Arjen Dondorp, l'auteur principal de l'étude, un effort mondial majeur est nécessaire pour arrêter la dernière génération de paludisme. "Une fois en Afrique, ce serait une catastrophe, car c'est là que se trouvent la plupart des cas de paludisme dans le monde", a-t-il déclaré.

Les progrès sans précédent dans la lutte contre le paludisme sont un des plus grands succès de l'histoire médicale mais les scientifiques craignent un recul si la dernière génération de parasites n'est pas traitée.

Avec AFP