Des milliers de personnes fuient des violences intercommunautaires au Soudan du Sud

Des jeunes filles déplacées dans la ville de Pibor au Soudan du Sud.

Des milliers de personnes ont fui la région de Pibor, dans l'est du Soudan du Sud, après une nouvelle série de violences intercommunautaires, a annoncé jeudi Médecins sans frontières (MSF), ajoutant avoir dû interrompre toutes ses activités sur place.

Des affrontements opposent depuis des mois des membres des ethnies rivales Murle et Lou Nuer, dans l'État du Jonglei, où est située Pibor. Ils ont fait plus de 200 morts en mai, dont un employé de MSF, et ont repris le 15 juin, a indiqué l'ONG dans un communiqué.

"Les combats se rapprochent maintenant de la ville de Pibor, dans l'Est, et presque tous les habitants ont choisi de se réfugier dans le bush, y compris le personnel de MSF", a-t-elle ajouté.

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La fermeture des centres de soin de MSF intervient alors que l'organisation s'attend à ce que le nombre de victimes de ces violences augmente encore. La saison du paludisme approche et le nouveau coronavirus se répand dans le pays.

"Ce que j'ai vu est extrêmement traumatisant. J'ai vu des signes de peur et de tristesse extrême dans les yeux des gens en raison de ces violences récurrentes", a témoigné une infirmière de MSF, Regina Marko Ngachen.

"Les guerriers s'en prennent au bétail, mais brûlent aussi les maisons, détruisent les propriétés et se livrent au pillage", a-t-elle ajouté.

Le Soudan du Sud, où un accord de paix a été signé en 2018, se remet péniblement d'une guerre civile qui a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Des combats entre les troupes gouvernementales et des groupes rebelles réfractaires se poursuivent toutefois, notamment dans le sud.

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et l'ex-chef de la principale rébellion, redevenu vice-président, Riek Machar, ont formé en février un gouvernement d'union nationale.

Mais un désaccord sur la répartition des États régionaux entre leurs partisans, qui n'a été résolu que la semaine dernière, a laissé un vide du pouvoir à l'échelon local. Selon l'émissaire de l'ONU dans le pays, David Shearer, cette situation est à l'origine d'une "multiplication par quatre en deux ans des incidents violents".

"Cette violence ne peut pas seulement être qualifiée d'+intercommunautaire+. Des combattants en uniforme ont été repérés avec eux, ce qui suggère que des forces organisées pourraient rejoindre le conflit", a déclaré M. Shearer devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le président Kiir a formé mardi un comité chargé d'apporter des solutions à la situation dans le Jonglei.