Soudan du Sud : l'ONU réclame des sanctions après l'attaque de Malakal

Riek Machar et Salva Kiir, Juba, le 29 avril 2016.(AP Photo/Jason Patinkin)

L'ONU a demandé au gouvernement sud-soudanais de traduire en justice les responsables d'une attaque menée en février contre un camp de déplacés géré par les Nations unies à Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est).

Dans un rapport d'enquête transmis au Conseil de sécurité de l'ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon estime que "le gouvernement transitoire d'union nationale doit demander des comptes" aux responsables, "dont les dirigeants politiques et militaires de l'Etat du Haut-Nil".

Selon les conclusions de l'enquête menée sur place par une équipe de l'ONU en mai, certains des assaillants qui ont pénétré dans le camp les 17 et 18 février "portaient des uniformes de l'armée sud-soudanaise (SPLA)".

Ils ont utilisé "des armes perfectionnées, dont des balles traçantes et des grenades" lors de cette attaque, qui a fait au moins 30 morts et 123 blessés.

Ils se sont attaqués "systématiquement" aux campements des ethnies Nuer et Shilluk tandis que les zones habitées par les communautés Dinka et Darfuri étaient épargnés. De plus, les 4.000 membres de ces deux dernières communautés avaient été évacués auparavant du camp à bord de camions "avec l'aide de soldats gouvernementaux".

Etant donné que l'armée gouvernementale "était la seule force armée contrôlant la ville de Malakal, il est difficile d'exonérer les commandants locaux de l'armée et les milices pro-gouvernementales de toute implication dans cet incident", souligne l'ONU.

Les Nations unies demandent aussi au président et au vice-président du Soudan du Sud de diffuser un message télévisé "condamnant toute forme d'attaque" contre les civils, en particulier dans des sites protégés par les Casques bleus.

Il faut aussi maintenir le camp de Malakal, "du moins à court terme, jusqu'à ce que la sécurité et la situation politique s'améliorent" et donner à la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), dont le mandat doit être renouvelé avant août, les moyens "d'améliorer sa capacité à protéger les civils".

Dans une lettre accompagnant son rapport, M. Ban précise qu'il en a transmis les conclusions au président sud-soudanais Salva Kiir.

L'ONU a aussi ouvert en mars une enquête interne sur la manière dont les Casques bleus stationnés à Malakal avaient réagi.

Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, ce rapport interne n'est pas encore terminé mais ses premières conclusions font apparaître "une certaine confusion à propos de la chaîne de commandement et des règles d'intervention, ainsi qu'un manque de coordination" entre les Casques bleus.

Il y avait aussi "des attentes irréalistes sur le niveau de protection que la Mission de l'ONU pouvait raisonnablement apporter à 48.000 déplacés à Malakal à l'époque de l'incident".

Le Conseil de sécurité doit débattre mercredi de ces deux rapports.

Dans un communiqué, l'ONG Médecins sans frontières a accusé les Casques bleus d'avoir "failli à leur mission de protéger les civils" de Malakal. Selon MSF, ils n'auraient pas pris assez de précautions pour empêcher l'entrée d'armes dans le camp avant l'attaque et auraient été "extrêmement lents à repousser" les assaillants.

Des dizaines de milliers de civils déplacés par la guerre civile ont trouvé refuge dans les camps de l'ONU dans tout le pays.

Avec AFP