Cet accord prévoyait une période de transition s'achevant le 12 mai à l'issue de laquelle un gouvernement d'unité nationale devait être formé. Mais sa mise en oeuvre a pris beaucoup de retard, et gouvernement et rebelles sont en profond désaccord sur l'attitude à adopter.
Le gouvernement, dont le porte-parole Ateny Wek Ateny a fait savoir que le président Salva Kiir ne se rendrait pas à Addis Abeba, est déterminé à ce que le calendrier initial soit respecté et entend faire porter la responsabilité d'un échec à la rébellion.
Lire aussi : Soudan du Sud : la rébellion de Machar ira à la réunion d'AddisLe chef rebelle Riek Machar, attendu lui dans la capitale éthiopienne, doit redevenir vice-président selon les termes de cet accord. Mais estimant que sa sécurité ne serait pas assurée à Juba, il a demandé un report de six mois pour la formation du gouvernement d'union nationale.
M. Machar, qui réside actuellement à Khartoum, a quelques raisons de se méfier. En 2016, il avait dû fuir Juba sous les tirs de l'armée de M. Kiir après l'échec d'un précédent accord de paix qui avait entraîné de violents affrontements entre leurs forces.
"Lors de cette réunion (à Addis Abeba), nous aimerions que les parties s'accordent sur un délai, mais nous aimerions aussi voir que le gouvernement est déterminé politiquement et en termes de ressources à faire en sorte que les mesures prévues par l'accord soient mises en oeuvre", a déclaré à l'AFP Kang Pal Chol, un haut responsable du SPLM-IO, le mouvement de M. Machar.
"Pour l'instant, nous pensons qu'un consensus se dégagera", a estimé M. Chol. Mais si tel n'était pas le cas, le SPLM-IO menace de se retirer de l'accord de paix.
- Recherche d'un consensus -
Conscients du risque de voir le processus de paix capoter une nouvelle fois dans un Soudan du Sud en guerre civile depuis décembre 2013, les pays de la "Troïka", États-Unis, Royaume-Uni et Norvège, ont appelé les belligérants à trouver un compromis.
"Toute décision sur la formation d'un gouvernement de transition comme prévu ou un report à une date ultérieure devrait être la conséquence d'un consensus entre les parties", ont estimé mardi dans un communiqué ces pays, parrains historiques de l'indépendance du Soudan du Sud et importants bailleurs de fonds.
"Si les parties conviennent par consensus qu'un délai est requis, elles devraient prévoir un plan réaliste pour résoudre les problèmes en suspens et avancer selon un calendrier défini", a ajouté la "Troïka", en mettant en garde contre un report sans échéance qui pourrait "ralentir la dynamique et mettre en danger les processus de paix".
La "Troïka" constate que l'application de l'accord de paix "a pris du retard et des échéances clés ont été ratées". Outre la sécurité à Juba, des questions sensibles, comme la création d'une armée nationale, le cantonnement des groupes armés ou le nombre d'États régionaux, n'ont pas encore été réglées.
Il s'agit de la troisième tentative de faire travailler ensemble MM. Kiir et Machar, dont la rivalité a déclenché en décembre 2013 une guerre civile qui a fait plus de 380.000 morts, et poussé plus de quatre millions de Sud-soudanais, soit près d'un tiers de la population, à quitter leurs foyers.
Depuis la signature de l'accord, les combats ont largement baissé en intensité mais n'ont pas complètement cessé. Les Sud-Soudanais espèrent que MM. Kiir et Machar ont retenu le message que leur avait adressé le pape François au début avril.
A l'issue d'une retraite de deux jours au Vatican ayant réuni les dirigeants sud-soudanais, le souverain pontife avait exprimé l'espoir que "les hostilités cesseront enfin et que l'armistice sera respecté", avant de s'agenouiller pour embrasser les pieds des deux rivaux, une image qui avait fait le tour du monde.
Avec AFP