Rassemblement en soutien à un prédicateur opposé au foot féminin au Soudan

Les joueuses des équipes Al-tahadi (en vert) et Al-Difaa (en jaune) avant le premier match de football féminin du Soudan au stade de Khartoum, le 30 septembre 2019.

Une foule de Soudanais s'est rassemblée devant une mosquée de Khartoum vendredi en soutien à un prédicateur islamiste, qui a critiqué la ministre des Sports pour avoir organisé le premier championnat féminin de football de l'histoire du Soudan.

Le match d'ouverture de la ligue féminine de football s'est tenu le 30 septembre dans un stade de la capitale soudanaise, en présence de la ministre des Sports Wala Essam et de plusieurs diplomates soudanais et étrangers.

"Nous accorderons une attention spécifique au sport féminin et au football féminin", a déclaré la ministre à cette occasion.

Connu pour ses prêches enflammés et son soutien au président déchu Omar el-Béchir, le prédicateur Abdel Hay Youssef a affirmé que l'islam interdisait le football féminin.

"Nous sommes avec toi Abdel Hay Youssef", ont crié ses supporters devant la mosquée où il prêche dans un quartier du sud de Khartoum.

Selon des médias locaux, M. Youssef a entretenu des liens avec Al-Qaïda et financé et entraîné des combattants du groupe Etat Islamique en Libye, ce qu'il nie.

Membre de la Fifa depuis 1948 et co-fondateur de la Coupe d'Afrique des nations, le Soudan est en revanche loin d'être un pionnier du continent en matière de football féminin, entravé par l'adoption de la charia (loi islamique) dès 1983, six ans avant que M. Béchir prenne le pouvoir à la suite d'un coup d'Etat soutenu par les islamistes.

Après presque trente ans d'un règne autoritaire, M. Béchir a été destitué par l'armée le 11 avril sous la pression d'un mouvement de contestation populaire qui avait débuté en décembre 2018.

Les partis islamistes sont restés en retrait lors de cette contestation, tandis que les femmes y ont joué un rôle central.

A la suite d'un accord conclu en août entre l'armée, qui avait pris le pouvoir après la chute de M. Béchir, et les meneurs de la contestation, le pays est entré dans une période de transition vers un pouvoir civil, supervisée par un Conseil souverain.

Des mesures de libéralisation de la société sont attendues de cette période d'un peu plus de trois ans, notamment en matière d'égalité femmes-hommes.