Le chiffre le plus spectaculaire du rapport publié vendredi par le ministère du Travail se rapporte sans conteste au taux de chômage, qui a reculé de 0,3 point par rapport à octobre pour tomber à 4,6%, un niveau sans précédent depuis août 2007, avant la crise financière mondiale.
Cette décrue, qui a pris les analystes par surprise, sera sans doute regardée avec envie en zone euro où le taux de chômage vient tout juste de passer sous la barre des 10%.
Elle se traduit en tout cas en novembre aux Etats-Unis par un net déclin du nombre de chômeurs (-387.000) qui s'établit désormais à 7,4 millions.
Cette embellie doit beaucoup à une accélération des embauches en novembre, qui ont atteint 178.000 contre 142.000 en octobre.
Le secteur américain des services a une nouvelle fois fait la preuve de son dynamisme en ajoutant 63.000 emplois en novembre, notamment dans l'assurance-maladie. En revanche, le secteur manufacturier a continué de faire grise mine avec 4.000 emplois détruits.
Depuis le début de l'année, les Etats-Unis tournent ainsi à une moyenne de 180.000 créations d'emplois par mois, en baisse sur un an mais suffisante pour continuer à faire reculer le taux de chômage, selon le ministère.
L'incertitude qui avait précédé l'élection présidentielle américaine du 8 novembre et le choc de la victoire du candidat républicain Donald Trump semblent donc être restés sans effet sur le marché du travail américain.
Des partisans du président élu attribuaient déjà sur Twitter ces bons chiffres à un "effet Trump" et à son objectif de ramener les emplois aux Etats-Unis.
Les démocrates mettaient eux ce dynamisme à l'actif de l'administration Obama. Dans un communiqué, la Maison Blanche a salué le rapport tout en assurant que "plus de travail" restait à accomplir pour mieux répartir les fruits de la croissance, et en appelant la prochaine administration à augmenter le salaire minimum fédéral, bloqué à son niveau actuel (7,25 dollars de l'heure) depuis 2009.
- Failles -
Au-delà de la traditionnelle querelle politique et des principaux chiffres, ce nouveau rapport sur l'emploi cache quelques zones d'ombre.
La décrue surprise du taux de chômage peut en partie s'expliquer par de mauvaises raisons, à savoir une nouvelle érosion de la population active qui a perdu 226.000 membres en novembre.
Si cela peut s'expliquer par des départs en retraite, il s'agit aussi de la désaffection de certains travailleurs qui ont renoncé à trouver un emploi.
La participation à l'emploi, qui compte ceux qui ont un travail ou en cherchent un activement, a de fait légèrement reculé à 62,7%, selon les données du ministère.
Le nombre de travailleurs contraints au temps partiel reste par ailleurs conséquent aux Etats-Unis (5,6 millions) même s'il a reculé par rapport à octobre.
Autre point noir d'importance, le salaire horaire moyen aux Etats-Unis a reculé pour la première fois en deux ans, cédant trois cents pour s'établir à 25,89 dollars.
Cette donnée est guettée avec attention par la banque centrale américaine (Fed) qui espère qu'une remontée des salaires rapprochera l'inflation annuelle de son objectif de 2%.
L'équation s'annonce compliquée pour la Fed, dont le deuxième objectif est le plein emploi et qui devra décider à la mi-décembre si l'économie américaine est suffisamment solide pour supporter une nouvelle hausse des taux directeurs.
Les analystes de Barclays l'assurent et prédisent un nouveau relèvement en décembre, un an après celui qui avait mis fin à sept années de politique à taux zéro.
"Nous pensons que le marché du travail a montré +les progrès supplémentaires+ que le comité (monétaire de la Fed) attendait pour justifier une hausse des taux en décembre", ont-ils écrit.
Avec AFP