Un stade du Mondial-2014 visé par l'enquête Petrobras au Brésil

Le stade Maracana Stadium à Rio de Janeiro au Brésil.

L'attribution du marché de construction du stade du match d'ouverture du Mondial-2014 de football au Brésil au groupe de BTP Odebrecht a été entachée d'irrégularités, a déclaré mardi l'un des procureurs de l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras.

Le procureur Carlos dos Santos Lima a énuméré une liste d'une dizaine de dirigeants d'Odebrecht identifiés comme "donneurs d'ordre de paiements de pots de vin", y compris "le directeur d'infrastructures responsable de la construction du Stade de Corinthians" à Sao Paulo.

Il est donc "clair" que l'enquête tentaculaire sur les marchés truqués entre le groupe pétrolier étatique Petrobras et un cartel formé par les plus puissants groupes de BTP du pays "va toucher d'autres secteurs que celui du pétrole", a commenté ce procureur lors d'une conférence de presse à Curitiba.

"Beaucoup de choses vont encore être découvertes", a-t-il ajouté, en commentant une nouvelle opération policière de l'enquête Petrobras lancée dans la matinée contre des dirigeants d'Odebrecht.

Quelque 380 agents, munis de 15 mandats de placements en détention provisoire et de 28 mandats d'arrêts ont mené mardi 110 perquisitions dans neuf Etats du Brésil, dont Sao Paulo - où le groupe Odebrecht a son siège -, Rio de Janeiro et Brasilia.

Les Brésiliens avaient massivement protesté en juin 2013 contre les milliards engloutis dans la construction des stades du Mondial-2014, qui auraient pu être investis plutôt dans la santé, l'éducation ou les transports.

Certains stades avait coûté jusqu'au double des devis initiaux, alimentant des soupçons de corruption.

Le groupe Odebrecht, l'un des plus puissants conglomérats de BTP d'Amérique latine, "entretient un réseau de paiement de pots-de-vin professionnalisés et organisés", a dénoncé la commissaire de police fédérale Renata Rodrigues pendant la même conférence de presse.

L'ancien PDG du groupe, Marcelo Odebrecht, a été condamné début mars à près de 20 ans de prison dans le cadre de ce scandale Petrobras.

"Il était non seulement au courant, mais c'est lui qui commandait ce réseau de paiement de pots de vin", a souligné la procureure fédérale Laura Gonçalves Tesser.

L'ancien PDG a eu "l'audace" de poursuivre ses activités illicites même après son arrestation, a-t-elle affirmé.

Selon Tesser, les pots de vin étaient versés en espèce, dans des hôtels. "Nous avons observé des paiements de plus de 9 millions de Reais (2,5 millions de dollars) en cash en une seule journée".

Les personnes arrêtées devront répondre de "crimes de corruption, évasion de capitaux, organisation criminelle et blanchiment d'argent", selon un communiqué de la police fédérale.

Le Brésil est actuellement ébranlé par une crise politique majeure, envenimée par les révélations incessantes de l'enquête sur le scandale de corruption qui éclabousse la coalition au pouvoir dirigée par le Parti des travailleurs (PT, gauche).

La présidente de gauche Dilma Rousseff est visée par une procédure de destitution examinée par les députés.

Avec AFP